De quoi parlez-vous @Théâtre du Lucernaire, le 28 Septembre 2014


La compagnie C’est-pas-du-jeu s’empare du texte de Jean Tardieu et livre une interprétation remarquable dans une mise en scène astucieuse !

Les comédiens sont jeunes et plein d’énergie à revendre. Ils interprètent cinq scénettes absurdes du début à la fin portées par un langage aussi bien verbal que non verbal.

Les mimiques et expressions faciales des comédiens communiquent avec un public qui savoure.

Le texte de Tardieu ne s’ancrant pas dans une époque, les jeux de mots, le non-sens sont universels. La compagnie C’est-pas-du-jeu réussit à faire revivre avec brio un humour absurde qui tend à disparaître des scènes françaises. 

Hetero @Théâtre du Rond-Point, le 24 Septembre 2014



S’il était dans le public, Patrick Juvet chantonnerait son tube de 1977 ; Où sont les femmes ?

En effet, dans la société d’Hetero, il n’y a aucune femme, elles n’ont jamais existé. On y rencontre uniquement des hommes. Les uns sont faits pour enfanter et les autres sont faits pour travailler. Le prétendant travaille, apporte l’argent au sein de son foyer et son époux se charge du foyer et de l’enfant.

La pièce nous plonge dans un foyer bourgeois où un couple (John Arnold et Christian Caro) discute de l’avenir de leur fils unique (Valentin de Carbonnières). Ce dernier ne semble pas se soucier de son destin, se laissant aller au gré de ses envies. Ils veulent le marier. 
Ils font appel à un entremetteur ; un certain Monsieur Négoss (Bertrand Farge) qui leur propose un jeune homme orphelin (Yvon Martin). 
La rencontre des deux hommes est surprenante: l’orphelin n’est autre que le supérieur hiérarchique du prétendant !

Les acteurs fardés de blanc évoluent dans un décor en toile noire et blanche qui finira peinturluré de multiples couleurs plus on avance dans l’intrigue. Ici, pas de cliché sur l’homosexualité, tous sont virils et d’apparences similaires. 

Les personnages subissent la norme : un papa aimant et soumis à son mari (Christian Caro) s’oppose à la figure de père autoritaire, soucieux de l’honneur de la famille (John Arnold). Les futurs mariés se veulent marginaux, réussir leurs objectifs personnels et professionnels. L’un ne comprend pas le poids social qui pèse sur son dos et l’autre a compris, aspire à toujours plus.

Des dialogues absurdes et des facéties inventives font d’Hetero une pièce résolument comique et le fond se veut dénonciateur d’une société à deux niveaux que l’on connait bien : dominants / dominés. On pointe également du doigt une société machiste. Le metteur en scène (Thomas Condemine) précise bien que cette pièce alimentera forcément le débat du mariage pour tous qui agitait encore l’actualité récemment et notamment l’enseignement de la « théorie du genre ».

Soirée de lancement de la saison 2014 - 2015 @Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette, le 23 Septembre 2014

Après une première saison très riche et qui a suscité un franc succès le Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette revient cette année avec une programmation encore plus sensationnelle. 

Isabelle Bertola (directrice du Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette) rappelle brièvement le passé du théâtre et apporte son soutien aux intermittents du spectacle. 

L’humour est de mise avec Pierre Borgeron

Répondant à un cahier des charges imposé par Isabelle BertolaBorgeron prend plaisir à réduire la dimension institutionnelle de la soirée de lancement. Il s’amuse alors avec un appareil jetable afin de rendre la soirée « inoubliable », « drôle » ou encore « légère »,  il fait son timide, offre à boire au public du premier rang, lit du Shakespeare… Tout en se concentrant sur le cahier qu’il transporte avec lui pour être sûr de bien répondre à tous les éléments. 

Les artistes présent prennent la parole tour à tour pour introduire leur spectacle et répondre à la question « Quel lien y a-t’ il entre votre travail et le théâtre ? ». 

Ainsi Jean-Pierre Laroche est le premier à parler pour J’oublie tout (du 4 Octobre au 12 Octobre au Carreau du Temple), suivi d’Ilka Schönbein pour Sinon je te mange (du 7 Octobre au 26 Octobre) dans le cadre du Figuren Focus 2 – série de 4 spectacles d’artistes allemands reprenant l’événement Figuren Focus qui avait vu sa première édition parisienne en 2009 au Théâtre de la marionnette. En partenariat avec le Goethe-Institut -. Elle raconte alors une petite histoire au sujet de son camping-car garé à la Cartoucherie. Toutes ses marionnettes auraient disparu. Elle trouve une araignée qui tisse sa toile dans un parapluie. Petit spectacle improvisé avec de la chanson au ukulélé. 
Alice Laloy pour son spectacle Sous ma peau/SFU.MA.TO/ (du 3 au 22 Février) a choisi de présenter son spectacle sous forme de rébus avec des diapositives. 
Les artistes absents présentent leurs spectacles par visio-conférence en « presque direct » (un enregistrement était réalisé au préalable, la vidéo ayant été lancée trop tôt, la magie de la visio-conférence s’est estompée avec des rires) ; Uta Gebert présente Manto (du 26 Novembre au 30 Novembre), Florian Feisel pour Krabat (4 et 5 Novembre), Yngvild Aspeli pour Cendres (du 20 au 30 Janvier au Théâtre du Fil de l’eau à Pantin et les 10 et 11 Février au Théâtre Berthelot à Montreuil) et Agnès Limbos pour Ressacs (du 17 au 29 mars). 

Pour le reste de la programmation, il suffit de consulter le site du Théâtre Mouffetard


Cette année place à la 8ème Biennale internationale des Arts de la Marionnette (du 5 au 31 Mai) ! 


La présentation se termine avec le spectacle Soleil couchant de la compagnie belge Tof Théâtre
Un spectacle poétique de trente minutes. 
Au bord de la mer, un vieil homme à taille humaine s’assoit et plante quelques fanions ici et là dans le sable. Le personnage est touchant. Lorsqu’il retire ses chaussures, elles sont remplies de sable. Il les vide, serait-ce la métaphore du temps qui passe ? 

Il observe ses mains, renifle un foulard, peut-être celui de son épouse disparue. Il perd une alliance dans le sable. 

Ses gestes sont teintés d’humour et porteurs d’une grande tendresse. 


On remarque une complicité qui le lie à son marionnettiste (Alain Moreau). Ce dernier restant attentif aux propositions de son personnage. 


Un beau et émouvant spectacle à retrouver lors de la Biennale !

Cinéma


 


















Sils Maria                                                                                      Mommy

On ne badine pas avec l'amour @Lucernaire, le 17 Septembre 2014

Après un passage au Festival d’Avignon édition 2014, la compagnie L’Attrape Théâtre s’installe au Lucernaire pour un peu plus d’un mois. 

Dans une mise en scène dynamique de Christophe Thiry, tout le burlesque, la critique sociétale et le drame du classique d’Alfred de Musset resurgissent. 


Une scénographie légère, quelques tabourets parsemés ici et là, ce sont les comédiens qui deviennent les décors de par leurs mouvements. Les costumes pourraient être jugés sobres mais ils laissent entendre une certaine intemporalité du texte. 


Bien rythmée, la représentation ne souffre pas de lenteur, le tragique arrive en crescendo. 

La subtilité de la langue de Musset se mêle à une chanson de Gainsbourg (La Javanaise). 
Toute la beauté du langage se retrouve dans ce texte magnifique que nous a offert Musset.


L’Attrape Théâtre est une compagnie qui mêle les générations et offre une excellente prestation. 
Le duo Camille (Anna Sorin)/Perdican (Sébastien Ehlinger) ne laisse place à aucun faux pas ; diction parfaite et jeu remarquable. La victime de leur badinage, Rosette est interprétée par une Marion Guy gracieuse et touchante. 

A la manière d’une tragédie grecque Koso Marina interprète un chœur plein de malices, Pierre Marzin (en alternance avec Pascal Durozier) est un baron bien comique suivi d’un Maître Blazius (Stanislas de la Tousche en alternance avec Laurent Bariteau) ivrogne irrésistiblement drôle, Francis Bolela en Maître Bridaine malin et une Dame Pluche douce incarnée par Lucile Durant

Le talent de l’ensemble des acteurs est indéniable rassemblés ici dans une mise en scène pleine d’énergie

Le joueur d'échecs @Théâtre Rive Gauche, le 09 Septembre 2014



Pour cette saison au Théâtre Rive Gauche, Steve Suissa propose 
la mise en scène de la très célèbre nouvelle de Stefan Zweig 
Le joueur d’échecs.
Seul en scène, Francis Huster joue tour à tour Zweig, Czentovic – le champion du monde prétentieux – et Monsieur B – l’inconnu viennois, le joueur -.

Eric-Emmanuel Schmitt resté relativement fidèle au texte de Zweig, a su garder ce qui fait sa force : sa philosophie et son universalité.

A bord du bateau, Huster transforme sa voix en fonction des personnages qu’il est amené à interpréter (excepté Lotte, interprétée en voix off). Lorsqu’il joue Monsieur B., le ton est grave. La folie dans laquelle il sombre progressivement se fait sentir, le jeu de lumière est méticuleux pour montrer les deux identités générées.
Un personnage cérébral qui en devient touchant.

La création sonore signée Maxime Richelme est minutieuse, elle fait acte des fins de scènes et intensifie la folie de Monsieur B.

Francis Huster se prête à un exercice que l’on sait difficile et livre un jeu d’acteur pour le moins épatant, ressuscitant ainsi la dernière traversée vers l’Amérique de Stefan Zweig et son épouse. 

Les mots qu'on ne me dit pas - Véronique Poulain


Rentrée littéraire 2014 nous voilà ! 

Merci à ma consœur Blablablamia pour ce conseil littéraire. 

Ne vous êtes-vous jamais posés la question de savoir comment vit un enfant entendant lorsque ses  parents sont tous deux sourds-muets ? C’est Véronique Poulain qui vous fera part de son histoire.

D’une plume franche et humoristique, Poulain parvient à parler de deux mondes – celui des sourds et celui des entendants – où elle s’épanouit. 


Ce roman témoigne de l’amour qu’elle porte pour ses parents. Bien qu'il arrive que ses sentiments basculent entre "fierté, honte et colère", Véronique Poulain ne peut supporter les curiosités, le jugement différent que les entendants peuvent porter sur eux, ces interrogations sur la manière dont elle s’exprime avec ses parents – enfant, elle se complaisait à traduire en signes puis en grandissant, l’enthousiasme s’efface -. 

Véronique Poulain livre ainsi un récit émouvant sans pour autant tomber dans la pitié. Anecdotes, joies, tristesses, tous les éléments d’une vie sont relatés efficacement. Un fort bon premier roman.
Les mots qu’on ne me dit pas est un titre qui convient parfaitement à son histoire. Si on ne lui disait pas, on les ressentait et lui signait.

Derrière l’humour corrosif, une femme aimante qui leur fait part d’une belle déclaration : 
« Aujourd’hui, je suis fière. Je les revendique. Surtout, je les aime. Je veux qu’ils le sachent. »