L'Encens et le Goudron @Théâtre L'Etoile du Nord, le 14 Mars 2015


Fruit de nombreuses années de recherche, Violaine De Carné signe son spectacle olfactif L’Encens et le Goudron et le présente pour quelques dates au théâtre L’Etoile du Nord.

Olfactif ? Parfaitement ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, De Carné fait appel à Emmanuel Martini pour jouer les perfume-jockey ; à la manière d’un disc-jockey, Martini mixe parfums et odeurs. Une ambiance enivrante s’installe.

Dans ce spectacle, Violette questionne la vie. Elle attend que Guillaume - son compagnon - se réveille de son coma. Seule dans la chambre de l’hôpital, elle lui parle, rencontre d’autres patients. Ces derniers sont sortis du coma, ils sont entrés dans le cycle de rééducation. Pas moins de six personnages tous incarnés par Violaine De Carné.

Jouant entre les émotions et le rire, De Carné interprète des personnalités si différentes ; de Gloria à Rachid, en passant par Bérangère, Abou ou encore Pierre et Mister Mind. Tous attachants, ils nous rappellent à quel point l’humain est un être fragile. L’immersion dans le milieu hospitalier de la comédienne permet de confirmer la véritable performance de cette fragilité saupoudrée de poésie.
A la manière de l’épisode de la madeleine de Proust, Violaine De Carné met en exergue la liaison entre l’odorat et les souvenirs tout en passant par le langage. Les odeurs rapprochent les êtres, les font s’exprimer.

La comédienne évolue dans un espace scénique simple ; un lit sur roulettes, une statue imposante, un écran et s’il faut bien rajouter un sens ça sera l’ouïe avec la violoncelliste Véronika Soboljevski qui apporte une touche de poésie supplémentaire. Les déplacements de la comédienne ne sont pas gigantesques, ils caractérisent l’attente, elle fait donc souvent les cent pas dans ce qui fait office de chambre d’hôpital.

C’est un spectacle qui se caractérisera par la réussite d’une expérience assez exceptionnelle et pour le moins extrasensorielle. 

4.48 Psychose @Aktéon Théâtre, le 27 Février 2015

Au centre, elle est immobile. Dans sa robe blanche presque transparente aux traines tentaculaires, elle nous regarde intensément. Julie Danlébac se fait porteuse du rôle de Sarah Kane.

Prisonnière de sa douleur, Sarah Kane a lutté pour s’en écarter. Lors de son énième internement, son humanité la quittait peu à peu, elle était réduite à sa portion de médicaments pour l’apaiser et une vie qui n’était plus la sienne. Les mots qu’elle emploie lui appartiennent, ils viennent du plus profond, de ses entrailles.

On saluera l’audace d’Ulysse Di Gregorio de mettre en scène un texte si éprouvant, si noir et si violent. Julie Danlébac est exceptionnelle. Coupe à la garçonne, corps frêle, elle donne vie à la rage de Sarah Kane.

Pas un bruit, la comédienne est seule. Les spectateurs garderont leur souffle coupé jusqu'à la fin.

Poignante, Julie Danlébac a des allures de femme fragilisée, ses mouvements de tête sont légers, jamais trop vifs. Entre cris de rage et désespoir, Danlébac laisse échapper une espérance de vie meilleure.

Le jeu de lumières qui se pose sur elle renvoie une image quasiment spectrale, progressivement perdant de son intensité et qui laisse entrevoir comme un masque sur le visage de la comédienne.


Un spectacle qui promet de ne pas laisser le public indemne.