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La trahison d'Einstein @Théâtre Rive Gauche, le 15 Mars 2014


1939. Aux Etats-Unis, au bord d’un lac, Albert Einstein (Francis Huster) rédige sa lettre à Roosevelt pour le prévenir que les nazis sont à la recherche de l’arme nucléaire, fruit des recherches du génie. Einstein est alors sous surveillance du FBI.
Lors de ses errances, il rencontre un vagabond (Jean-Claude Dreyfus) avec qui il livre son pacifisme, le poids de sa culpabilité. Une amitié naitra de leurs conversations tantôt farfelues tantôt sombres. Entre récit de l’Histoire et pur récit fictionnel, la rencontre entre ces deux hommes que tout oppose n’est que plus belle. Francis Huster incarne avec une sensibilité certaine un Einstein tourmenté et grave. Dreyfus est un être qui se veut honnête, tiraillé entre une amitié avec le physicien et le chantage du FBI. Une complicité entre les deux acteurs se ressent. Ils évoluent dans un décor naturel de Stéphanie Jarre composé de quelques roseaux parsemés ici et là et d’une cabane. Quelques moments musicaux poignants de Maxime Richelme ponctuent les actes.
La pièce est belle, chargée en émotions et en poésie, Eric-Emmanuel Schmitt a voulu respecter au mieux les citations du savant. Importante, elle suggère un rêve de paix.  L’Histoire scientifique et politique mouvementée du XXème siècle revit au Théâtre Rive Gauche dans une mise en scène de Steve Suissa.




Mangez-le si vous voulez ! @Théâtre Tristan Bernard, le 11 Mars 2014


Roman de Jean Teulé, lui-même inspiré d’un fait divers de 1870, la compagnie Fouic Théâtre n’a pas pu résister à l’adaptation. Après un passage au Festival OFF d’Avignon en Juillet 2013, la compagnie fait une halte à Paris pour notre plus grand plaisir.

Un 16 Août 1870, le village Hautefaye (Dordogne) a été le lieu d’une terrible affaire criminelle mettant en scène les villageois et un jeune aristocrate répondant au nom d’Alain de Monéys. Pourtant apprécié des habitants, il finit victime d’un supplice et trouve la mort par immolation suite à un malencontreux malentendu. 


La mise en pièces (pour reprendre l’affiche) habile et, pour le moins que l’on puisse dire, percutante  de Jean-Christophe Dollé est un véritable conte dramatique. Prenant pour ingrédients la folie humaine, la démence d’une population, la nécessité d’une tête de turc et une certaine quantité d’aveuglement.

La scène est scindée en deux espaces : une cuisine rétro et un coin musique. Le comédien principal est seul en scène et interprète avec succès tous les personnages. A ses côtés, Clothilde Mogiève en ménagère façon années 50 au sourire presque terrifiant et deux musiciens (Medhi Bourayou à la guitare et Laurent Guillet au piano) jouant des airs sombres, tantôt des berceuses insultantes et exprimant quelques phrases perspicaces permettant de détendre quelque peu l’atmosphère.  Ces personnages, bien que secondaires, prennent également part à la barbarie du malheureux Alain de Monéys.
Dollé se positionne donc tantôt bourreau tantôt victime et livre une fabuleuse interprétation propre à chacun des personnages de par sa voix et ses mimiques. 
Le spectateur est alors transporté progressivement dans une folie. Le décor mobile permet de bien nous faire comprendre que la barbarie cannibale peut avoir lieu dans un quelconque endroit. Le théâtre contemporain c’est également ça ; refaire vivre les moments du passé avec un souffle très proche de l’époque actuelle. L’humour noir est de rigueur et le cynisme jamais trop loin. Une pièce à croquer ?