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Le Langage des Viscères #23 @Auditorium Saint-Germain,le 27 Juin 2014



Eh oui, encore une soirée du Langage des Viscères.

Pour cette vingt-troisième édition, Amine Boucekkine a choisi de se concentrer sur l'art vidéo donc une soirée sous le signe des projections. 
Programmation de cette édition : Exposition photo sur la thématique La ville décomposée suivie des lectures de textes d'Amine, Marianne, Jérôme Attal et Céline Renoux
Simultanément, Virginio Vona dans le hall de l'auditorium se prête à l'exercice de la peinture en temps réel. DJ set du groupe électro Trésors.
Projection du diaporama photos "Au bout du chemin" suivi de la performance VJ de Dorianne Wotton sur un texte d'Amine Boucekkine; La Nuit.
S'en est suivie la projection du court-métrage Kore d'Eric Dinkian pour finir sur la performance particulière du groupe post-rock Farewell Poetry

Virginio Vona effectue sa peinture avec des gestes presque brusques, nerveux pour donner un travail intrigant et obsessionnel.

L'exposition La ville décomposée suggère de clichés qui montrent la ville perdant de son humanité. Principalement en noir et blanc, les photographies invitent le visiteur à errer dans des villes presque futuristes.

Lors des lectures, Marianne convie les auditeurs à des envolées philosophiques sur la ville décomposée. Quand on connait Jérôme Attal, on sait qu'il ne gardera pas le sérieux très longtemps. Cette fois-ci, il ne lira pas du George Bataille mais un extrait de son propre roman; L'Histoire de France racontée aux extra-terrestres. Attal dans cet extrait compare les soirées parisiennes aux tranchées.
Céline Renoux s'initie à la lecture pour la soirée et propose des textes sur l'enfance. Thème évoqué avec une certaine tendresse. Amine Boucekkine clôt les lectures avec un texte toujours profond, qui prend aux tripes avec cette tonalité si singulière.

Trésors est un duo de jeunes hommes pourvus de sens de l'humour. Minimaliste et ambitieux, leur son électronique est un voyage dans des contrées psychédéliques. 

Le diaporama photo Au bout du chemin de Lynn SK (ici) est riche de par sa poésie et sa sensibilité.
Sur des sons envoûtants, Amine Boucekkine et Dorianne Wotton proposent une performance VJ très sensuelle sur le texte La Nuit. 

Kore d'Eric Dinkian - primé dans de nombreux festivals - est un court-métrage hypnotique, obsessionnel où une jeune fille s'empare d'un spray et dessine des spirales en rouge et noir dans la ville.
Une folie urbaine bruyante. [Bande-annonce]

Farewell Poetry clôt la soirée avec originalité. Ce groupe allie le cinéma et la performance musicale. Captivante et intense semblent être les maîtres mots pour qualifier cette performance unique. Un univers singulier. On en demanderait toujours plus et bien sûr les voir plus souvent en "concert" 

Merci une fois de plus à Amine Boucekkine d'offrir des soirées aussi riches les unes que les autres ! 
Rendez-vous le 27 septembre pour la prochaine !




Avis aux absents : mes photos

Voix d'Insurgés (Rano, rano) + Mika, heure locale @TARMAC, le 28 Juin 2014

Voix d'Insurgés (Rano, rano) n'est pas un spectacle commun. Il s'agit là d'un spectacle de "Hira-Gasy". Du théâtre traditionnel malgache, pas de récit, pas de personnage juste une prise à témoin du public. Pendant une demie-heure, le spectateur écoute les paroles de Raharimanana qui raconte Madagascar de 1947. Date et lieu qui ne nous disent rien à nous, Occidentaux mais pour certains d'entre eux; les mots "révolte", "répression", "disparitions", "controverses", "silence", "oubli" sont des expressions fortes. Les photos de Pierrot Men défilent sur un écran noir, images d'une population s'imposant au silence, vieux et jeunes, tous le savent mais se condamnent. Spectacle porteur de mémoire, sentiments forts et d'espoir. "Porter jusqu'au bout ces voix qui s'éteignent" déclare Raharimanana en Avril 2014. L'intensité de ces voix est transportée par la musique de Tao Ravao, une virtuosité portée par sa guitare aux sonorités traditionnelles mêlées au blues.
Mika, heure locale Un duo mixte. La femme est engluée dans une sorte de pâte de couleur rose, ses mouvements vains tentent de la faire sortir de là. Pendant que l'homme fait balancer ses jambes dans l'air, le reste du corps à même le sol. Sur la scène sont alignées des sandales multicolores; des "mikas". Alignées puis projetées, éparpillées sur le plateau. Des mouvements symétriques, géométriques, le duo montre une réelle sensibilité, un vrai travail sur l'imperfection, un jeu sur le déséquilibre... La quête d'identité au travers d'une résistance, de maîtrise de sa destinée, de se libérer au travers de mouvements aériens, subtiles, vifs... Le tout sur une musique classique, puis électronique, pour finir sur du folkorique.
Vidéo

Ceci est mon sexe - Claire Barré

« J’étais rien d’autre qu’un fantasme. Une poupée gonflable à fontaine déclenchable. » c’est ainsi que se définit Trixie-Rose Jones.

Elle est jeune, métisse et ses yeux sont mauves. Ceci est mon sexe c’est son histoire.
Une histoire « fantasmorgasmique ».

Claire Barré, dans ce premier roman, choisit de raconter l’avènement d’une nouvelle divinité : Trixie-Rose Jones. Jeune femme fontaine aux orgasmes miraculeux allant jusqu’à générer des émeutes.

Dans un univers ‘Sex, drugs and rock’n’roll’, Claire Barré raconte l’itinéraire de multiples personnages amenés à se rencontrer autour de la nouvelle divinité : Trixie Rose !

Si Claire Barré choisit de faire évoluer son personnage avec une écriture crue, l’humour est présent et le récit est chargé de questionnements sur notre condition. Notamment la condition de femme. Le droit de disposer de son corps librement, la liberté…

Si l’amour est présent dans ce roman, l’animalité de l’humain revient souvent plus vite que prévu. La rencontre avec Ziggy, un jeune paumé qui ne rêve que de devenir un acteur, fantasme sur l'idée de devenir le grand ami de Tarantino, dealer, bouleversera la vie de l’héroïne – et nous serons tentés de dire que l’héroïne bouleversera la vie des héros -.

De manière habile, Claire Barré relate les histoires de chacun des personnages – ils sont nombreux - dans les chapitres, tantôt le point de vue de Trixie, tantôt un autre personnage au même moment. Trixie parle à la première personne dans des vidéos qu’elle poste sur son blog – Claire Barré fait revivre sa fonction de scénariste en prenant soin d’indiquer les postures, les « noirs »… afin que l’on imagine la vidéo -.

Le titre est un brin provocateur, le roman bouscule les conventions et offre une belle traversée dans un monde fantasmatique !