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The King and I @Théâtre du Châtelet, le 19 Juin 2014

Le roman Anna and the King of Siam de Margaret Landon revisité à la manière de Broadway. La comédie musicale s’est installée au Théâtre du Châtelet.

Anna Leonowens (Susan Graham), veuve et mère de Louis prennent le large. Elle est sollicitée pour enseigner la langue de Shakespeare aux nombreux enfants du roi de Siam (Lambert Wilson). Nombreux ? Pas loin de soixante-dix-sept, fruits de la polygamie du roi. Débarquement sur des terres exotiques, coutumes différentes, valeurs bouleversées, un déracinement colossal pour l’anglaise Anna.

Dans des décors grandioses de Jean-Marc Puissant fabriqués sur plusieurs niveaux, rideaux coulissants, le dépaysement est garanti. Les personnages sont vêtus de costumes aux couleurs traditionnelles, les enfants portent des tenues assorties à la couleur de la robe de leurs mères respectives. Tout en dorure, le roi de Siam est impressionnant. Les accessoires ne manquent pas, on notera l’apparition d’un éléphant blanc très réussi.
   
Lambert Wilson livre ici un rôle plein d’humour et prouve un véritable talent de chanteur. « Barbare » et malhabile, le roi de Siam est un roi pour qui l’on pourrait avoir de la pitié. 

Susan Graham livre avec virtuosité le rôle d’Anna. Magnifique interprétation d’une femme pleine d’élans et de principes qu’elle entend bien faire appliquer au roi. Les enfants sont tous magnifiques, bons dans leurs jeux respectifs. Le jeune Prince Chulalongkorn essaie de retenir les erreurs commises par son père pour ne pas être à son tour traité de barbare. 

Une scène particulièrement fantastique : le théâtre dans le théâtre. Les chorégraphies signées Peggy Hickey sont d’une grande esthétique. Marionnettes et danseuses font de cette scène un très beau spectacle mis en abyme. 
The King and I est un pari audacieux que le Théâtre du Châtelet a entrepris et pour le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a été joliment gagné.

Journal d'un corps @Théâtre du Rond-Point, le 15 Juin 2014

Le plateau d’Oria Puppo est simple ; un bureau orné d’un petit jardin verdoyant, un tabouret, une chaise et pas moins de douze luminaires aux abat-jours noirs. Dans le fond, un écran rouge qui pour rendre compte du journal affiche les dates en typologie manuscrite.

Daniel Pennac arrive côté jardin, son journal à la main, il s’attable. Un père décédé fait parvenir, par le biais du notaire, un carnet de bord à sa fille, Lison. Elle n’y trouvera nulle trace d’états d’âme, juste le récit du corps de son père disparu.

Le récit démarre avec la douce voix de sa propre fille; Alice Pennacchioni.
Pennac poursuit la lecture. Son expérience de professeur de Français lui a permit d’acquérir un timbre de voix si particulier, qu’il est toujours plaisant d’entendre. Dans ce journal, il narre toutes les expériences qu’a vécu son corps de ses 13 à ses 87 ans.

Chaque expérience est décrite avec beaucoup de tendresse, d’humour et d’humanisme.
 La sélection des passages lus joue avec les émotions, tantôt il évoque les premières fois, le décès de son petit-fils, pour revenir sur une touche d’humour : les « pets toussés ». Le public assiste sagement à cette lecture, qui le ramène parfois à son propre vécu. Notre vécu car comme le dit Pennac, « le corps est un territoire commun à tous les hommes ». Le corps c’est l’enveloppe de notre être, c’est notre bouclier. Deux leçons se côtoient ; la leçon de vie et celle d’anatomie.

Sans tabou, Pennac nous fait (re)découvrir notre corps. Il arrive qu’un corps parle plus que l’âme.