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Super Premium Soft Double Vanilla Rich @Maison de la Culture du Japon, le 20 Novembre 2015


Qu’il fasse nuit ou qu’il fasse jour, au Japon, il y aura toujours un konbini ouvert pour vous accueillir et pour vous apporter le nécessaire. Concept unique en son genre, le konbini offre une multitude de services qui se retrouvent tous sur le terrain de la consommation.

Toshiki Okada avec ce spectacle, prend à témoin le public européen afin d’illustrer le désespoir de la société de consommation poussée à l’extrême au Japon. Et c’est avec son concept de théâtre dansé que le metteur en scène parvient à appuyer son point de vue. Gestes mécaniques, paroles quasi automatisées voire robotisées, tout est paramétré de telle sorte que l’on comprenne que texte et mouvement sont pour Okada « presque indissociables ». 

Sur le morceau Le clavier tempéré de Bach, les comédiens s’articulent tels des pantins devant des rayons bien remplis. Leurs chorégraphies sont complétées par des traits de caractère qui leur sont propres ; un duo de jeunes vendeurs pour le moins qu’on puisse dire cyniques, la jeune recrue, la cliente esclave de sa propre consommation de glace, le patron tyrannique, le manager soucieux de bien faire, le client critique… Tous à leur manière luttent pour respirer et par extension, vivre humainement. 


Le langage se fait absurde mais unique moyen de se rattacher à l’humanité et les mimiques sont exagérées. La critique sociétal d’Okada est bien réussie dans l’ensemble, la technique déployée sert au mieux la mise en scène. 

4 @Théâtre Nanterre-Amandiers, le 17 Novembre 2015


Faut-il chercher un sens dans les spectacles de Rodrigo Garcia ? Non. L’anticonformiste argentin a encore frappé, il déconstruit encore les codes du théâtre classique. 

4 s’ancrerait dans la performance poétique. Les comédiens entrent en scène emmêlés dans des fils qui portent eux-mêmes des grelots, ces derniers se feront les plus silencieux possibles. Les artistes se déplacent en groupe, s’expriment un par un avec des vers tantôt désespérés tantôt mordants. 
4 comme 4 comédiens, 4 poules en baskets, 4ème symphonie de Beethoven. Mais pas de signification propre. Et si finalement, 4 s’avérait être les moments cruciaux d’une vie selon l’argentin ? La naissance, l’amour, le sexe et la mort.

La naissance est traduite par l’affrontement d’un joueur de tennis s’échauffant contre un mur où en grand format apparait le célèbre tableau de Gustave Courbet ; L’origine du monde. Ce dernier vibre à chaque fois que la balle touche la paroi. L’amour et le sexe s’entrecroisent le temps d’une performance - de ce qui s’apparenterait à de la danse -  d’un couple sur un savon de Marseille géant. Ce dernier s’entrelace, chahute, s’amourache dans la mousse naissante. 

Si entre deux, un entretien bien étrange, de par les questions posées, se met en place entre deux personnes emmitouflées dans des sacs de couchage, de très jeunes filles - qu’on associerait facilement à des « mini miss » -  se dandinent avec des cocktails très colorés dans un décor imaginaire, c'est la sensation que la vie part dans tous les sens, pas de trajectoire nette. Ces petites filles sont par la suite à amener à écouter le triste récit de vie d’un samouraï échoué on ne sait trop comment sur ce décor. La mort quand à elle se traduit par le don de vers à des plantes carnivores filmé en temps réel, projeté au mur. Les protagonistes se retrouvent tous devant une projection du dessin animé Charlie le coq avec pour fond sonore la 4ème symphonie de Beethoven.

4 est une invitation au voyage dans l’imaginaire pourtant si proche du réel. 
Provocateur à souhait mais magistral. 

Visage de feu @Monfort-Théâtre, le 9 Novembre 2015


En apparence c’est une famille comme il y en a mille mais en profondeur on en est loin. Ils sont quatre ; un père ingénieur à l’étrange avidité des faits divers sordides, une mère soumise mais aimante, une sœur – Olga - tentée par l’inceste et un jeune ado – Kurt - en pleine puberté, plongé dans la tourmente.    

Le décor est posé dans la cabane du Monfort : c’est blanc, c’est pur. Beaucoup trop pur. Dans un premier temps, les acteurs font face au public. Ils ne parlent pas directement aux spectateurs, leurs didascalies sont débitées. Puis progressivement ce sont des répliques, froides qui sont échangées entre eux. Les liens parents-enfants sont plus que tendus, on s’interroge sur l’autorité parentale.
Kurt est le jeune qui souffre d’un syndrome de Peter Pan poussé plus loin qu’à la normale, il s’interroge sur sa naissance, toujours dans la quête du détail. C’est un ado qui finira par s’enflammer. Il entrainera dans sa folie son unique sœur.

Le jeune comédien Baptiste Legros prouve à tous son talent, son intensité. La folie de son personnage ne prend pas le mauvais virage qu’aurait pu être l’outrance. L’artiste la maîtrise, la fait évoluer avec brio. Joana Rosnoblet incarnant ici Olga livre un très bon jeu, déroutante à souhait, son glissement dans la « maladie »  de son frère n’est que plus beau. 
Les parents Stéphane Flauvel et Sophie Lebrun portent en eux la réussite, ce duo qui ne dispose de plus aucun échappatoire épate. S’il intervient qu’à quelques scènes Julien Girard rajoute une touche dramatique, personnage extérieur à la famille, qui tente désespérément de « débloquer » la situation.

La mise en scène de Martin Legros joue subtilement sur les lumières, quasi cinématographiques mais surtout sur la matière – mousse à raser, peinture, faux sang, fumée – et la destruction progressive du décor et plus largement de la structure familiale nous amène à dire ici qu’elle est terriblement efficace pour servir au mieux le texte riche de Marius von Mayenburg.