En
apparence c’est une famille comme il y en a mille mais en profondeur on en est
loin. Ils sont quatre ; un père ingénieur à l’étrange avidité des faits
divers sordides, une mère soumise mais aimante, une sœur – Olga - tentée par
l’inceste et un jeune ado – Kurt - en pleine puberté, plongé dans la tourmente.
Le décor
est posé dans la cabane du Monfort : c’est blanc, c’est pur. Beaucoup trop
pur. Dans un premier temps, les acteurs font face au public. Ils ne parlent pas
directement aux spectateurs, leurs didascalies sont débitées. Puis progressivement
ce sont des répliques, froides qui sont échangées entre eux. Les liens
parents-enfants sont plus que tendus, on s’interroge sur l’autorité parentale.
Kurt est
le jeune qui souffre d’un syndrome de Peter Pan poussé plus loin qu’à la
normale, il s’interroge sur sa naissance, toujours dans la quête du détail.
C’est un ado qui finira par s’enflammer. Il entrainera dans sa folie son unique
sœur.
Le jeune comédien Baptiste Legros prouve
à tous son talent, son intensité. La folie de son personnage ne prend pas le
mauvais virage qu’aurait pu être l’outrance. L’artiste la maîtrise, la fait
évoluer avec brio. Joana Rosnoblet incarnant
ici Olga livre un très bon jeu, déroutante à souhait, son glissement dans la « maladie »
de son frère n’est que plus beau.
Les
parents Stéphane Flauvel et Sophie Lebrun portent en eux la
réussite, ce duo qui ne dispose de plus aucun échappatoire épate. S’il
intervient qu’à quelques scènes Julien
Girard rajoute une touche dramatique, personnage extérieur à la famille,
qui tente désespérément de « débloquer » la situation.
La mise en
scène de Martin Legros joue
subtilement sur les lumières, quasi cinématographiques mais surtout sur la
matière – mousse à raser, peinture, faux sang, fumée – et la destruction
progressive du décor et plus largement de la structure familiale nous amène à
dire ici qu’elle est terriblement efficace pour servir au mieux le texte riche de Marius von Mayenburg.
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