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© Christophe Raynaud de Lage |
Elle
n’était pas venue en terre provençale depuis plus de vingt ans. Après un
passage remarqué au 70ème Festival d’Avignon - pour les plus
chanceux - la troupe de la Comédie Française ne pouvait que revenir jouer à
domicile pour le plus grand bonheur de ceux qui n’ont pas pu faire le
déplacement. Très attendu, le spectacle de Ivo
van Hove a secoué les critiques. Bien sûr jouer dans la salle Richelieu ce
n’est pas aussi sensationnel qu’en plein air. Cette libre adaptation du
scénario du film du même nom du réalisateur italien Luchino Visconti s’avère être monumentale, un spectacle culte.
La
scène de la salle Richelieu est tapissée d’un carré de couleur orange tel un tatamis. Côté
cour s’alignent des cercueils et côté jardin, coiffeuses et penderies. Dans le
fond et face aux spectateurs, un écran central diffusant aussi bien des images
tournées en direct – notamment celles des personnages en pleine souffrance dans
leurs cercueils - que des images d’archive. Et sur l’avant du plateau,
cohabitent une urne où l’on verse les cendres des personnages assassinés au
cours de l’acte et une sirène stridente qui ponctue les actes. A la manière du
roman d’Agatha Christie Dix petits nègres, les personnages
disparaissent progressivement. Et quand la sirène retentit, les comédiens se
repositionnent comme dans une parade militaire et laissent les spectateurs
constater les absences.
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© Christophe Raynaud de Lage |
Ce
sont ces mêmes absences qui nous hantent à chaque fois qu’on avance dans le
récit. Tour à tour. Pas de pitié. La violence est omniprésente et ce, jusque
dans la scène finale qui marquera bon nombre d’esprits. Un objet en particulier
attire l’attention, plonge le spectateur dans une terrible tension : une
mitraillette. Exhibée sur une table, comme fièrement, dans le fond, à tout
instant on sait qu’elle pourra servir mais quand ? On sursautera, on se
remémorera et on comprendra ce qui fait que le spectacle s’adresse à un public
averti.
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© Comédie française |
La
troupe de la Comédie Française prouve alors sa maîtrise, son expertise. Ils
sont tous fantastiques mais nous ne pourrons pas tous les citer ; Didier Sandre porte en puissance son
rôle de père de famille, Guillaume
Galienne un vrai seigneur du mal qu’on méprisera aux côtés d’une sombre
héroïne campée par Elsa Lepoivre, Denis Polalydès devient un véritable
monstre nazi et Loïc Corbery est
plein de fougue. Nous finirons sur la prestation ahurissante de Christophe Montenez, le plus fou,
malsain. Un Martin brillant par sa noirceur. Ils portent ainsi une pièce dingue, monstrueusement sublime.
Une nomination aux Molières 2017 ?
Pleinement envisageable !
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© Christophe Raynaud de Lage |
Pour
ceux/celles qui voudraient avoir le privilège de voir ce spectacle inoubliable,
il reste encore un peu de temps pour le voir ici
(et en plus c’est une captation au Palais des Papes !)
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