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Democracy in America @MC93, le 15 Octobre 2017



Romeo Castellucci, faiseur d'images signe ici un puzzle énigmatique et onirique librement inspiré de l'essai d'Alexis de Tocqueville De la démocratie en Amérique.

Le spectacle s'ouvre sur un tableau où s'animent des danseuses en uniforme blanc. Fermement les demoiselles tiennent en main des bannières aux lettrages dorés. En position, elles forment tantôt "democracy in america", "cocaine army medicare", "decay crime macaroni" ou un plus sombre "camera demoniac cry".

Progressivement s'installe une réflexion autour du langage. Deux amérindiens échangent sur leur culture et la disparition progressive de cette dernière. Ils en viennent à quitter leurs propres peaux. Cette scène se pose comme un premier tableau. Une scène de vie suit.
Les spectateurs font désormais face à un couple de paysans très religieux et très pauvre. La  malheureuse maîtresse de maison a échangé l'enfant unique - une fille - contre des outils de travail. Elle finit par s'en prendre à Dieu, elle blasphème. Son mari se retrouve désemparé. Il ne la reconnait plus. Elle est comme possédée.

S'enchaînent alors les tableaux presque oniriques sur fond obscur et souvent flou. Le plus beau sera sans doute celui de cette ronde de femmes vêtues de rouge aux longues fraises blanches, lumineuses. Tel un festin, un rite d'une religion bien sombre. On notera également l'absence totale de quelconque animal sur le plateau. Fidèle au metteur en scène Scott Gibbons signe une nouvelle fois une composition sonore chargée en émotions.

Le plasticien Romeo Castelluci surprend toujours et dresse ici une création troublante et mystique où le spectateur reste libre d'y comprendre l'allusion aux travaux de Tocqueville. L'inspiration première semble être la place de la religion.

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Endgame @Théâtre Nanterre-Amandiers, le 24 Septembre 2017



         



















1,2 ou 3 ? Suivant le chiffre, le spectateur ira à l’étage correspondant. Il montera dans une structure métallique, une espèce d’échafaudage de 10 mètres de hauteur dans l’obscurité, il se dirigerait presque à l’instinct. Une fois sur place, il fera face à des tentures blanches, pas de numérotation de place, il choisira la fente de tissu qui lui plait le plus et n’en bougera pas. Pendant un peu plus d’une heure le voilà fin observateur de ses voisins qui lui font face et plutôt voyeur, juge de l’action. De l'obscurité partielle, il basculera dans l'éblouissement de cette lumière, rappelant l'aveuglement de Hamm.

Plus bas, c'est dans l'arène - 8 mètres de diamètre - que tout se passe. Sur un fond blanc clinique, Hamm est au centre, qui n'a pas d'autre choix que de rester couché sur un genre de fauteuil roulant/couffin boisé. Clov, seul personnage valide, s'active dans l'espace. La "partie" peut commencer : le rapport d'interdépendance est enclenché. Ni vainqueur, ni perdant, le plus important c'est de participer. L'imposante scénographie donne une véritable résonance à la pièce de l'irlandais, elle accentue tout ce qu'il y a de plus sombre,  grinçant. 

La plasticienne Tania Bruguera confiera que le projet la préoccupait depuis près de 20 ans, le message politique se fera entendre par les âmes les plus impliquées. Le texte est récité en anglais, toute la subtilité qu'offre cette langue s'y retrouve. Les acteurs campent leurs rôles et ne manquent pas de justesse.