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Richard II @Maison des Arts de Créteil, le 06 Février 2018


C'est dans la petite salle de la Maison des Arts de Créteil que le Collectif Eudaimonia vient poser son minimaliste, non moins efficace, décor : une toile blanche posée à même le sol, sept tabourets, des ventilateurs, une machine qui diffusera des pétales et une autre qui diffusera de la fumée. 

© G. Cuartero
La pièce s'ouvre sur l'assassinat du duc de Gloucester dans sa baignoire. La toile n'a plus grand chose de blanc tant le sang gicle partout. Le massacre se fait sur fond d'un puissant Rage against the machine. S'en suit le profond désaccord entre Bolingbroke, duc de Lancastre (François de Brauer) et Mowbray, duc de Norfolk (Nicolas Pirson), juché sur son trône, Richard II (Thomas Perrenoud) proclame le bannissement des deux. Après avoir dilapidé la fortune de son oncle - également père de Bolingbroke - Jean de Gand (Pierre Stefan Montagnier) le roi prend le chemin de l'Irlande pour y faire la guerre. Célébrant son retour sur la Bittersweet symphony des british The Verve, Richard était loin de se douter que Bolingbroke reposerait les pieds sur ses terres anglaises pour y réclamer l'héritage de son défunt père. Sans aucune raison explicitée clairement, Richard II sombre lentement vers une déprime qui le poussera jusqu'à l'abdication. 

© Vincent Schmitz
A l'heure de Game of Thrones, on trouve en Joffrey Baratheon l'arrogance d'un Richard II, inspirant le mépris par son absence de cœur. Notamment lorsqu'il s'en prend à son pauvre oncle Gand lui assénant des "Crève !". Si on pourrait croire que Clément Camar-Mercier s'est laissé aller à quelques fantaisies dans sa traduction proposée à Guillaume Séverac-Shmitz il n'en est presque rien, il en va de la volonté d'être encore plus contemporain. L'écriture de Shakespeare est universelle, intemporelle. Son langage frise l'outrance, c'est ce qui fait toute sa puissance.

Thibault Perrenoud incarne un Richard II tyrannique, insouciant qui sombre lentement à en faire ressentir ses vertiges, tout en subtilité. Toute la performance réside dans le fait de répartir plus de trente personnages sur l'association de sept comédiens tous talentueux. Une énergie phénoménale, un sens du travail d'équipe, une exigence c'est ce que l'on retiendra du collectif Eudaimonia.
Des scènes frappent pour leur esthétique : le couronnement de Bolingbroke, la vision de Richard de son propre reflet dans l'eau au lieu d'un miroir, sa lente humiliation dans son cachot jusqu'à son meurtre.





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