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Oncle Vania @Théâtre de l'Odéon, le 25 Janvier 2020

© Elizabeth Carecchio
Oncle Vania (ou Дядя Ваня) en russe surtitré, mis en scène par le directeur de l'Odéon Stéphane Braunschweig s'inscrit dans le festival "Les saisons russes". Quoi de mieux qu'entendre un grand classique de Tcheckhov dans sa langue originale par des comédiens du Théâtre d'Etat des Nations de Moscou ? Des murs boisés dans le fond d'où dépassent de hauts bouleaux, un baquet au centre du plateau et quelques chaises longues parsemées autour suffiront à Braunschweig pour situer l'action. Progressivement le décor s'obscurcit en ne laissant plus qu'une forêt où les arbres ont été abattus. 

L'abandon de la cause écologique s'inscrit dans le prolongement de l'abandon de tout ce qui nous rend humains. Braunschweig choisit de faire évoluer les comédiens dans l'impuissance. Ils sont tous confrontés à une sorte d'épuisement où la conclusion "Il faut bien vivre" est sans appel. L'humour souvent noir est toujours bien présent - et il faut bien avouer que les spectateurs russophones auront le plaisir de rire avant les francophones -. Les dix comédiens du Kremlin s'investissent avec beaucoup de plaisir dans ces rôles si complexes. Vania est campé par un Evguéni Mironov au jeu généreux qui touche, Anatoli Béliy en Astrov séduit par son désenchantement incarné - qui pourrait, par moment, rappeler un certain Nicolas Hulot -. Le jeu du reste de la troupe réjouit mais le duo Vania/Astrov s'avère plus intense. Pas de doute, jouer et rejouer du Tchekhov ne cesse de mettre en lumière notre époque.


Ce billet est dédié à David R., sans qui je n'aurais pas pu voir ce spectacle.

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