Quel immense plaisir que d'assister à la représentation de L'Eveil du printemps de Frank Wedekind mis en scène par l'homme de théâtre belge Armel Roussel. Ecrite en 1881, crée en 1891, la pièce a été interdite. Elle était considérée comme pornographique. Il n'en est plus rien. L'époque évolue, les moeurs avec.
© Pascal Gely |
Sur le grand vaste plateau, les spectateurs gagnent les gradins pour faire face un terrain vague jonché de terre fraîche, sur laquelle reposent une petite botte de foin et un vieux canapé en pleine décrépitude. Et, celle qu'on attend, la jeunesse qui occupe les lieux avec ses jeux. Côté cour, dans le fond sous une lumière bleutée, le duo belge Juicy s'agite sur les platines et les claviers en offrant quelques sons hip-hop. On célèbre les 14 printemps de la petite Wendla Bergmann - Judith Williquet -. Une adorable adolescente en fleurs qui pose plein de questions existentielles. Dont la fameuse "comment on fait les enfants ?". Un peu tardivement ? A l'époque en tout cas, c'était jugé comme trop tôt. Dans le genre crédule, perturbé et anxieux y a Moritz Stiefel - Nicolas Luçon -. Et puis, il y a celui qui connait à peu près la vie - il l'a lue dans les livres, c'est Melchior Gabor - Julien Frégé -. On pourrait s'arrêter là tant les personnages convoqués sont nombreux. Ils sont tous adolescents. Ils découvrent leurs corps, la sensualité, l'homosexualité mais aussi la violence, l'avortement, le suicide... Les printemps nouveaux à l'aube d'un automne pluvieux.
© Hubert Amiel |
A prime abord, tous ces jeunes adultes qui jouent des ados nous troublent. Mais progressivement, on est emportés avec eux dans un tourbillon nostalgique des jeunes années. Les pas moins de douze comédiens sont animés par une énergie furieuse par laquelle les émotions débordent. C'est intense, c'est beau - le travail sur les lumières d'Amélie Gehin est un régal pour les yeux -. Proches de l'univers d'un Roberto Zucco du regretté Bernard-Marie Koltès, Armel Roussel et ses comédiens offrent un spectacle total, où la jeunesse et son pétillement sont sublimés. Alors oui, ils sont douze et jouent de nombreux rôles où ils excellent tous mais le trio Luçon / Frégé / Williquet tire son épingle du jeu, tantôt attachant, tantôt bouleversant.
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