© Christophe Raynaud de Lage |
La rue, le meilleur endroit pour représenter l'étrangeté du lieu, pour faire vivre la rencontre du dealer et du vendeur. Au milieu des spectateurs, tantôt au plus près d'eux, assises sur le trottoir, courant dans la rue, les deux protagonistes sont partout mais surtout avec nous et au plus près de nous, pour une raison simple : leurs répliques s'écoutent au casque. La confrontation est d'autant plus forte : les émotions presque sauvages d'Audrey Bonnet côtoient les paroles plus douces, plus posées d'Anne Alvaro.
Et le charme opère à nouveau. La langue koltésienne poétique, intense et vertigineuse résonne encore dans l'âme. Pouvoir marcher dans leurs pas, c'est se sentir comme partie intégrante du spectacle sans pour autant donner la réplique. Les sons de La Muse en circuit habitent la rue, rajoutent un nouveau degré dans "l'étrangeté". Sans toujours savoir où sont les comédiennes, on les cherche du regard ou parfois on ferme les yeux et se laisse porter par les paroles, on se laisse parfois tenter de susurrer la fameuse réplique "Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper, avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité."
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