Curieuse matière théâtrale qu'Un vivant qui passe. Un vivant qui passe n'est pas un texte de théâtre, non. C'est avant tout le film de Claude Lanzmann de 1997 qui "met en scène" son réalisateur et Maurice Rossel, délégué du Comité international de la Croix-Rouge, qui, en 1944, s'est rendu à Theresienstadt, camp modèle pour les nazis. Entre l'évocation de la banalité du mal et la force du témoignage, l'échange semble presque irréel de par le phrasé déconcertant de l'ancien délégué.
Alors qu'en fond sonore, les rails crissent, l'acteur de la Nouvelle Vague Sami Frey fait son entrée, il s'installe à son bureau, éclairé par une petite lampe. Il fait face au public. Le jeu de l'acteur repose essentiellement sur les alternances de tons des deux protagonistes de l'entretien sans grands effets. Frey du fait de son histoire, son passé familial, teinte un peu le phrasé. Le temps d'une heure, il a livré, déroulé l'Histoire sans tirer les larmes aux spectateurs. Le rideau - de fer - tombe lentement en laissant échapper quelques crissements qui feront écho aux bruits des rails entendus en ouverture, quant à l'homme de théâtre, lui, se tient droit, digne. Le public applaudit, l'émotion surgit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire