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La pierre @Théâtre de Belleville, le 10 Janvier 2022

© Jérémy Breut

Tout au fond du plateau trônent des graviers. Au premier plan, une table carrée, des chaises sont disposées tout autour. Légèrement plus loin, côté jardin, une balançoire. Les années sont projetées sur le mur noir, nous commencerons en 1993 pour mieux faire des va-et-vient entre présent et plusieurs moments décisifs du passé allemand : 1935, 1953,1978 et enfin, 1993. Trois générations de femmes sont réunies autour de la table. La plus âgée se garde une place curieuse sous le carré. 

Tout le charme de cette pièce que signe l'allemand Marius van Mayenburg réside dans son fonctionnement en puzzle. Alors que le dramaturge nous habituait à une écriture cynique, La pierre est plus énigmatique mais toute aussi puissante que son Visage de feu. La pierre est l'histoire d'un passé familial malléable, l'histoire des "petits" mensonges arrangeants, l'imbrication des histoires dans l'Histoire. Préfère-t-on une vérité qui blesse à un mensonge qui fait du bien ? Toute vérité est-elle bonne à dire ? Vous n'en aurez jamais vraiment la réponse. On assiste à une valse en deux temps ; celle des fantômes et celle de mensonges. Le lourd héritage d'un passé complexe. 

Blanche Rérolle s'entoure de comédiennes particulièrement brillantes, au jeu profondément sincère : Anne Burger, Sophie Deforge, Garance Morel avec une mention particulière pour la grande sensibilité de Christabel Desbordes qui nous a beaucoup touchés. La figure masculine idéalisée n'est pas laissée sans reste, Marc Stojanovic excelle (en alternance avec Hugo Tejero). La scénographie que signe Clarisse Delile est particulièrement habile. Le glissement entre les années s'opère en lumière grâce aux projections au mur et à d'astucieux fondus au noir pensés par Samy Azzabi. Mais aussi, c'est au subtil retrait d'un accessoire que porte Christabel Desbordes que l'on se resitue dans le temps. 


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