© Jan Versweyveld |
Il nous avait séduit avec Les Damnés. Il nous a sacrément déçus coup sur coup avec La ménagerie de verre et Age of Rage. Maintenant qu'il renoue les liens avec la Comédie Française, le metteur en scène belge Ivo Van Hove réussit à raviver la flamme à l'heure des 400 ans de la naissance du dramaturge qui signait Tartuffe. La liaison entretenue avec le metteur en scène du plat pays peut reprendre, en toute connaissance de cause. C'était moins une...
Entre chandeliers et torches, c'est dans la pénombre et le brouillard que le spectacle s'ouvre. Dans la profondeur du plateau, la machinerie est apparente pour le plus grand bonheur des spectateurs les plus curieux. Au devant de la scène, un revêtement blanc façon tatami où avant de se confronter autant que s'étreindre les protagonistes procèdent à des saluts - révérences à l'instar des judokas. L'intérieur bourgeois se devine aux accessoires parsemés. Panneaux miroirs et écran aux textes caustiques projetés en gros caractères suffiront. Les corps sont sublimés dans les costumes actuels.
Dans le rôle titre du magnifique ange noir, le metteur en scène a fait le choix du sociétaire Christophe Montenez. On retrouve la même perversité bizarre et dérangeante qui nous avait transcendés dans Les Damnés, on est admiratif de sa maîtrise du phrasé en alexandrins. C'est Denis Podalydès qui campera le rôle d'Orgon, parfait soumis, aveuglément passionné, sous l'emprise de son nouvel ami voire maître d'un nouveau genre. C'est une troublante et provoquante, enjôleuse Elmire que livre Marina Hands. Loïc Corbery convainc dans son jeu de Cléante. Le jeune Julien Frison déploie une belle composition pour Damis. Dominique Blanc signe une impeccable interprétation de Dorine, vaillante. Plus discrète dans la pièce, mais non moins remarquable, Claude Mathieu en Madame Pernelle. Tout ce petit monde livre un ensemble où l'érotisme noir est la direction à prendre. C'est un Tartuffe sombre mais efficace qui s'offre à nous, où l'on renoue avec un travail qui ne peut laisser de marbre.
Un énorme merci à mon héros du jour Jacques Chéa