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Le baiser comme une première chute @Théâtre Romain Rolland, le 25 Mars 2022

© Simon Gosselin

La metteuse en scène Anne Barbot signe ici Le baiser comme une première chute, une libre adaptation de L'Assommoir du naturaliste Emile Zola. Le plateau est un appartement modeste minimaliste : chaises, table, lit de fortune posé sur des cagettes. Le spectacle s'ouvre sur un monologue de Gervaise - Anne Barbot elle-même -, assise sur une chaise de bois côté cour. Apprêtée, elle attend sagement, patiemment, presque docilement son mari, Lantier avec qui elle a eu un fils, Etienne. Elle finit par se lancer dans une diatribe contre la lâcheté des hommes à laquelle le public est libre de rétorquer. La voix d'un spectateur s'élève, progressivement on comprend qu'il s'agit du comédien Benoît Dallongeville. C'est Coupeau. Ses interruptions, ses réponses rassurantes deviennent des tentatives de séduction non vaines puisqu'elles aboutiront à la naissance du couple.   

Le couple vit des premiers jours heureux. Très vite, un deuxième enfant s'invite dans le foyer, Nana - Minouche Nihn Briot -. Mais tout aussi vite la relation s'effrite. Coupeau est victime d'un accident grave au travail qui le contraint à l'inactivité, l'entraînant dans une mauvaise pente : la pauvreté, l'alcoolisme. Et Gervaise qui était jusqu'ici très forte, s'effondre lentement avec lui. La chute est vertigineuse. 

De la même façon que la magie peut opérer, place à une descente aux enfers parfaitement mesurée qui fonctionne à merveille, le plateau s'obscurcit à mesure que les personnages se perdent. Les comédiens sont étincelants et embarquent avec eux les spectateurs parfaitement impuissants face à ce tsunami émotionnel. 




   

 

 

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