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Boudoir @Centre Pompidou, le 25 Novembre 2022

Boudoir : nom masculin. 
1. Petit salon élégant, qui était à l'usage exclusif des femmes (remonte à l'époque Régence) 
2. Petit biscuit allongé, saupoudré de sucre

Larousse
© Allan Thiebault

Dès l'instant où la programmation du Festival d'Automne a annoncé une nouvelle création de Steven Cohen, il m'aura à peine fallu quelques secondes pour repenser à Put your heart under your feet...and walk et son intensité. Ni une, ni deux, je prends ma place. Le souvenir de la dernière création du sud-africain est très fort, en plus d'entretenir le souvenir, je vais m'en créer un nouveau dans l'épaisseur de la nuit froide.

Séquencée en deux parties, la nouvelle performance s'intitule Boudoir. La première partie est une expérience cinématographique durant laquelle les spectateurs sont équipés individuellement d'un casque audio pour avoir la musique au plus près d'eux. Manque de chance, le mien ne fonctionnera pas, je vivrais les images puissantes qui s'animent sous mes yeux : Steven Cohen dans un atelier de taxidermiste, dans un cimetière juif où est enterrée sa mère, dans le camp de concentration Natzweiler-Struthof et jusqu'au plus dramatique ; un four crématoire. C'est dans ce dernier il effectuera quelques mouvements avant de s'immoler. "My taboos are not yours" (mes tabous ne sont pas les vôtres) disait-il dans sa précédente performance. C'est cette image qui restera déchirante. Tantôt des rouleaux de thorah que slogan "Arbeit macht frei" comme couronne, Steven Cohen n'a plus peur de rien. 

Pour la seconde partie, les spectateurs pénètrent dans le dit boudoir. Animaux naturalisés, thorah, étoiles de David, Menorah, portraits d'Hitler et autres curiosités peuplent l'espace. Le performer vient à leur rencontre en étant à nouveau perché sur d'improbables chaussures dont il a le secret de la conception. Cette fois-ci, les globes terrestres font office de plateformes. Plongés dans l'obscurité, les spectateurs le voient chercher l'équilibre. Sa coiffe phosphorescente vient éclairer le chemin. 

Il ne prononcera pas un mot, seuls des petits bruits s'échappent de sa bouche maquillée comme à l'accoutumée, son regard profond aux papillons strassés vous transperce et suffit à communiquer avec vous. C'est avec la même élégance et intensité que l'artiste nous chahute à nouveau dans un univers "macabronirique" qui lui est propre. 


Je dédie ce billet à la spectatrice qui s'est échappée bruyamment "Putain ! Mais quelle daube."


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