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Ombre (Eurydice parle) @Plateaux Sauvages, le 23 Janvier 2023

© Pauline Le Goff

Les images de son mariage avec Orphée sont projetées : un beau mariage champêtre, des invités ravis, un bois, une baignade de nymphes… Mais les mauvais présages s'accumulent entre bris de verres et regards voilés. La cérémonie s'achève lorsqu'Eurydice se fait mordre par le mythologique serpent et succombe. Tel le personnage Ophelia dans le tableau éponyme de John Everett Millais, Eurydice est couchée sur un autel, où les fleurs en tous genres, vases vides et autres bougies l'entourent. Une véritable héroïne romantique qui se révèle. 

Sous la direction de Marie FortuitVirgile L. Leclerc déballe le soliloque d'Elfriede Jelinek dans une scénographie sans surplus d'artifice, entre antichambre derrière un voile noir translucide au-dessus du quel on peut lire "Exit" et un bureau où s'entreposent bobines, ordinateur et vêtements achetés compulsivement. Le texte de Jelinek résonne avec toute sa puissance. Virgile L. Leclerc saisit le texte et le porte sans en faire trop, jamais elle ne crie, elle berce avec un trait d'humour ponctuel pour échapper à la lourdeur. Eurydice se libère des injonctions pour mieux se réveiller, c'est tout l'intérêt du texte de l'autrichienne. Romain Dutheil apparait de temps à autre pour donner corps à un Orphée chanteur pour midinettes, vêtu de tenues extravagantes aux sequins brillants. Il joue de la batterie, pianote sur un clavier, sans jamais se soucier de son aimée. Elle se libèrera de lui comme du reste. Ombre parmi les ombres, elle trouve enfin la place qu'elle aurait tant préféré occuper. 




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