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Orphelins @Théâtre de Belleville, le 03 Décembre 2023

C'est officiel : on ne se lassera jamais des créations du collectif normand La Cohue. S'ils l'avaient déjà joué, on n'avait pas pu s'y rendre, voilà que nous nous rattrapons. 

A peine entrés dans la salle, le collectif nous propose un tri-frontal. Nous choisissons de nous positionner de manière classique. Il n'empêche que je serai prise à partie indirectement : ma voisine a le même prénom que moi. Au premier plan, une table de cuisine sur laquelle est posée une enceinte portative, deux chaises de part et d'autre. Un peu plus loin, un élément surplombé d'un four micro-ondes et d'une cafetière. La narratrice (Loreleï Vauclin) se fond dans le décor mais elle est bien là physiquement devant son ordinateur et vocalement. 

© Virginie Meigne

Alors que Danny (Julien Girard) et Helen (Sophie Lebrun) se retrouvent pour un dîner en amoureux, Liam (Martin Legros) - le frère d'Helen - débarque.  Il porte un tee-shirt ensanglanté. Du sang qui ne lui appartient pas. Son discours est confus. La soirée prend une toute autre tournure. 

Deux éléments sont ici particulièrement forts : la volontaire lecture des didascalies et le travail autour du son - notamment quand Liam mange -.  Le dispositif scénique force le public à intégrer le conflit en créant du trouble en jouant sur la fiction et le réel - la pause interroge -. La tension qui anime chacun des personnages est ressentie au plus près. Un huis clos duquel on ne veut pas sortir tant que ne sera pas clarifiée la situation. Les regards, les gestes tout se ressent plus fort. 

Martin Legros incarne remarquablement bien le désorienté Liam tant dans sa diction que dans ses gestes confus, il créée l'illusion parfaite. Le duo Girard/Lebrun ne reste pas à la marge, bien au contraire, il amplifie l'angoisse jusqu'à révéler le monstrueux.  



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