"Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays."
Déclaration Universelle des droits de l'Homme, Article 13. 1948
© Christophe Raynaud de Lage |
Phia Ménard. C'est notre première rencontre avec son travail. Il était plus que temps. On en avait beaucoup entendu parlé. Souvent en bien. Il fallait pouvoir enfin voir ça. C'est arrivé, en 2024.
Avant que ne s'ouvre le rideau de la grande scène, on voit une pancarte ; Aylan Kurdi (2012-2015). Qui est ce malheureux petit être qui a perdu la vie si jeune ? Non, ce n'est pas un personnage de fiction. Il a bel et bien existé. Souvenez vous... Oui. Ce petit garçon avait fait la Une des journaux. La photographie de son corps échoué sur une plage de Turquie avait fait le tour du monde. Le temps de l'émotion passé, la vie continue...
Le rideau s'ouvre. La pelouse est tondue à la perfection, les chemins en graviers sont eux aussi parfaitement dessinés, la statue d'Apollon - tel un commandeur chez Molière - en simili bronze est propre. Un jardin à la française dans ce qu'il y a de plus banal. En retrait, côté cour, une silhouette d'apparence humaine dans son corps, son visage plus curieux. C'est une espèce de heaume laineux. Le corps rampe, se meut avec beaucoup de difficulté pendant que nos oreilles - que certains d'entre nous boucheront - entendent le bruit agressifs de tronçonneuses et autres tondeuses. Sur un écran en fond est projeté "Les nuisibles". Le corps finit par se tenir debout, esquisse des pas de danse démantibulés, s'empare de la hache jusqu'ici tenue par la statue et se livre à une destruction progressive du décorum sur fond de Masquarade Waltz d'Aram Khachaturian.
Sans trop révéler le contenu de la performance de Marion Blondeau, la création de Phia Ménard s'inscrit dans un nouveau cycle intitulé Les Pièces du Jardin et de Ruines. L'artiste n'attend pas du spectateur qu'il soit ébloui mais qu'il s'interroge. A juste titre, tout n'est pas forcément très clair dans la proposition mais tout - le geste et le message - y est radical, politique, hautement symbolique. Alors on ne s'étendra pas davantage sur l'esthétique remarquable de la création monumentale mais une chose est certaine, on reviendra voir du Phia Ménard et sa compagnie Non Nova.
A l'heure où une loi immigration a été votée à l'Assemblée Nationale avec 88 députés du Rassemblement National, on vous laissera choisir votre camp.
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