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Lulu @Théâtre 71, le 14 Janvier 2018


Christophe Raynaud de Lage
Lulu la belle et envoûtante héroïne de Frank Wedekind se dévoile sous la mise en scène de Paul Desveaux. Créée au Petit-Quevilly en Normandie en novembre 2017, le spectacle de la compagnie de l'héliotrope a posé son imposant décor au théâtre 71 de Malakoff.
Dans un espace scénique présenté comme une piste de cirque, Paul Desveaux met en abyme la représentation.

S'enchaînant comme les numéros au cirque, les scènes dévoilent toutes les facettes de Lulu - que ses amants prennent plaisir à nommer autrement selon leurs envies -. Aimante, élégante, séductrice, provocatrice, victime, miséreuse mais toujours libre. Lulu charme en permanence.



Portée par une douce Anne Cressent, Lulu donne à être aimée, adorée non sans souffrance. Elle est l'incarnation de Madame Rêve d'un certain Bashung qui trouve sa place dans un moment suspendu dans le temps et l'espace : Cressent se transforme en interprète accompagné de l'acrobate Jonas Leclerc. Les deux artistes offrent un instant chargé de poésie.

Christopjhe Raynaud de Lage
Juste après l'entracte, l'univers circassien s'estompe pour laisser place à un environnement plus obscur, plus cinématographique à la  Kubrick. L'ambiance vire à celle d'un Eyes Wide Shut où les dix comédiens se fondent dans un bordel dans lequel se mêlent dix marionnettes (conçues par Einat Landais en étroite collaboration avec Bérangère Vantusso) identiques à Lulu. Une véritable forêt de corps humains submerge l'espace. Le drame se poursuit.

Ce texte de Wedekind n'est pas dénué de résonance avec l'actualité à l'heure du #balancetonporc. Il frappe ici en mélangeant les thèmes du pouvoir très vite rattrapé par celui de l'argent et du désir.

Les dix comédiens accompagnés des trois musiciens offrent une prestation scénique de qualité qui font oublier les un peu plus de trois heures annoncées. L'auteur voyait sa tragédie comme une "tragédie monstre", celle qui croise la fascination et l'angoisse finalement.








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