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Les Démons @Théâtre Odéon - Ateliers Berthier, le 22 Septembre 2018


Les Démons © DR Compagnie 
A peine installés, les spectateurs sont accueillis par la joyeuse troupe de Sylvain Creuzevault qui s'active dans tous les sens, jusqu'en haut des gradins et offre des flûtes - qu'ils renommeront trompettes - de champagne à quelques privilégiés. D'autres spectateurs sont conviés à s'asseoir sur des chaises en bois disposées de part et d'autre du plateau.  On se sent comme dans un studio de cinéma, le décor est en pleine finalisation. Si ce dernier pouvait s'exprimer il ne manquerait pas de déclarer un simple "Je suis à vous dans une minute".

Le jeune metteur en scène s'empare cette fois de l'oeuvre de Dostoïevski Les Démons. Face à la complexité du roman, une "feuille anti-panique" pour tenter de faire comprendre la chronologie aux spectateurs - et sans doute de s'assurer de leur bonne compréhension - s'est glissée dans la bible. 

Les Démons © DR Compagnie
La première partie se déroule dans une province de Russie. Nikolaï Stravoguine revient au pays des tsars après s'en être retiré quatre années auparavant. La jeune Maria Lébiadkina à la jambe dans le plâtre et quelque peu folle jure qu'elle est mariée à ce dernier qui nie toute alliance. Les thèmes du mariage, du pouvoir, de l'argent, du crime sont convoqués.
La seconde partie se voudra plus obscure et plus politique. On assiste à une concertation de jeunes anarchistes prêts à en découdre. C'est d'ailleurs l'un des moments où le parallèle avec la situation russe actuelle - Russe/Crimée, nationalisme grandissant - est réussi. Une fois les principales actions décidées, l'agitation reprend de plus belle sur un fond sonore de techno bruyante : les comédiens occupent toute la surface scénique avec des panneaux sur roulettes et les voilà qui dansent. Puis, la salle est plongée dans le noir et dans les fumigènes avec la voix lointaine de Nicolas Bouchaud pour guide.

Ce qui frappe dans les mises en scène de Creuzevault et son collectif d'Ores et Déjà c'est le fait de mettre de côté l'aspect linéaire d'un texte pour laisser une plus grande part d'improvisation pour que le spectacle devienne encore plus vivant, mouvant - une nouvelle fois Vincent Macaigne ne semble jamais très loin -. Et ses nombreux comédiens - Vladislav Galard, Michèle Godet, Arthur Igual, Sava Lolov, Léo-Antonin Lutinier, Frédéric Noaille, Anne-Laure Tondu, Amandine Pudlo et Blanche Ripoche auxquels se sont ajoutés Nicolas Bouchaud et Valérie Dréville- suivent la cadence et évoluent dans les matières les plus diverses : plastique, sable, eau, fumée... Un joyeux bazar en somme.

Pendant un peu plus de quatre heures, la troupe se donne plus qu'à fond. Le tout non sans humour ; une croix de bois qui ne passe pas la porte, une autre en glace qui fond dans un seau, une cloche qui ne sonne pas... Creuzevault et sa bande parviennent une fois de plus à relever un défi de taille avec une énergie débordante, une volonté de secouer les classiques à en faire trembler les murs.  

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