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Un sacre @Théâtre Gérard Philippe, le 01 Avril 2023

A prime abord, Un sacre ça ne présage rien de particulièrement drôle. Et pourtant... 


Dans ce spectacle total, Lorraine de Sagazan s'est attaquée à la désacralisation de la mort en questionnant la construction du deuil et de ses rites. Pour y parvenir, elle a mené un véritable travail de terrain sur plusieurs mois : près de 300 entretiens avec des personnes d'horizons variées en 2021 (année 1 après la crise sanitaire), menés avec l'écrivain Guillaume Poix autour de la notion de réparation. Neuf récits de vie émergeront sur un plateau et autant de cérémonies avec comme point d'entrée la grand-mère de Benjamin Tholozan - dont il assure l'interprétation - et son témoignage de pleureuse corse.  

Spectacle vivant, vivifiant, Un sacre regorge de beauté : que ça soit par ses mots ou sa scénographie, le plateau de théâtre devient un gigantesque autel d'un nouveau genre - sans aucune trace religieuse - regorgeant d'objets à valeur affective immesurable. Sous les planches, la flore. 

Neuf comédiens donnent vie aux témoignages, tous consumés, dévastés par la perte d'un être aimé (ou non d'ailleurs) - seul le personnage de George fait figure d'exception dès lors qu'il orchestre sa propre disparition et se laisse aller à quelques petites folies pour sa cérémonie fantasmée -. Neuf qui inconsciemment fait penser au temps de fécondation, célébrer la mort en lui donnant la ponctuation d'une vie. Subtil. 

Le collectif de corps et âmes est porté par Andréa El Azan, Jeanne Favre, Nama Keita, Antonin Meyer–Esquerré, Louise Orry Diquero, Mathieu Perotto, Benjamin Tholozan, Eric Verdin, et Majida Ghomari tous étincelants. On sort du spectacle parfaitement vivants et prêts à se confronter à la mort. 


A tous nos morts.

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