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L'Art de la joie @Théâtre L'Azimut, le 16 Mars 2024

Après un passage remarqué à la MC93, L'Art de la joie mis en scène par Ambre Kahan a pu poser son massif décor pour deux représentations au Théâtre L'Azimut à Chatenay-Malabry.

© Matthieu Sandjivy

Le roman monumental de Goliarda Sapienza prend vie. Le récit de l'épopée féministe de l'héroïne Modesta - incarnée ici par la superbe Noémie Gantier - en Italie au tout début du XXème siècle se déploie pendant 5h30. Il faut bien l'admettre, nous n'avons pas lu le roman et le spectacle a attisé la curiosité qui nous anime tant. On ne se risquera pas à résumé l'œuvre particulièrement dense - Goliarda Sapienza a consacré quasiment une décennie à son écriture -. D'autant que la metteuse en scène Ambre Kahan ne reprend pas l'intégralité.

Ce billet reviendra essentiellement sur toute la puissance de cette mise en scène, la performance excellente de l'intégralité de ses comédiens. On a connu des spectacles beaucoup plus longs - salutations respectives à Thomas Jolly et Julien Gosselin -, la durée ne nous a jamais effrayé. Mais dans ces spectacles fleuves, il est nécessaire de saluer l'énergie de tout ce petit monde - Aymeline Alix, Jean Aloïs Belbachir, Vanessa Koutseff, Élise Martin, Serge Nicolaï, Léonard Prego, Louise Rieger, Richard Sammut, Romain Tamisier, Sélim Zahrani et les musiciens Amandine Robilliard et Romain Thorel - aux affaires. La scénographie d'Anne-Sophie Grac impressionne par sa taille et son aspect modulaire, tout se transforme en presque toute simplicité. 

Sapienza a écrit un récit qui tire sa force dans son intemporalité. La soif d'absolu de son héroïne Modesta ne peut laisser de marbre. Ambre Kahan est parvenue à nous transporter dans une ambiance parfaitement mesurée. Les quinze premières minutes vont crescendo - le Monsieur Loyal Giùfa, interprété ici par un Florent Favier haut en talons ne manquera pas de bien appuyer cette idée avec un certain dynamisme et beaucoup d'humour  -. Le destin tragique de Modesta se scelle dans ce très court laps de temps. 

De la plus sordide à la plus sensuelle, la jouissance que connait Modesta est telle un feu intérieur qui l'animera tout au long de sa vie. Cette dernière est marquée par des épreuves humaines dont elle se relèvera chaque fois plus femme, plus forte. On la suit dans cette aventure à vive allure. 




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