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King Lear remix @Théâtre de Belleville, le 10 Janvier 2019


© Claire Acquart
Le plateau s'ouvre dans une espèce de cabaret avec en fond sonore le refrain de la chanson de Doris Day It's been a long time. Sophie Cusset et Danièle Hugues sont vêtues de robes dorées et chantent en playback. Lear - campé par Gilles Ostrowksy - fait irruption dans la pièce, s'installe à table. Il peine à articuler, comme s'il avait trop consommé certaines substances.

Antoine Lemaire a réécrit le classique en y poussant davantage la dimension comique. Encore que "pousser" soit ici un verbe bien léger. Du classique, il ne restera que le fond et les personnages. Lear n'est plus un roi vieillissant mais un roi qui n'en peut plus de gouverner, qui voudrait être aimé pour ce qu'il est humainement plus que pour ce qu'il représente. Un burn-out du puissant. A l'heure des réseaux sociaux numériques, il abdiquera face caméra en direct. Et voilà qu'il va tenter de déléguer le pouvoir à ses filles. Façon télé-crochet, elles défilent chacune leur tour pour prouver l'amour qu'elles portent à leur père. Aucune ne semble le satisfaire, il se contente de leur distribuer des petits bouts de royaume.

C'est dans une mise en scène complètement déjantée que la compagnie Octavo embarque les spectateurs. Ca braille, ça crache, ça se bat jusqu'au sang ; c'est un joyeux bordel qui se déroule sous nos yeux. A seulement quatre sur scène, ils parviennent à retourner le plateau et le mettre en miettes. Gilles Ostrowsky habite un Lear roi du carnage, Sophie Cusset qui co-signe la mise en scène s'investit dans quatre rôles parmi lesquels le duo Régane/Goneril, Danièle Hugues prend les airs de  la douce mais non moins captivante Cordélia et le jeune Robin Causse porte sur ses épaules les rôles masculins. Son interprétation du pauvre fait mouche.




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