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Rester vivant @Théâtre du Rond-Point, le 20 Décembre 2014

Préparez-vous à entrer dans la salle Roland Topor. 
Vingt et une heure a déjà sonné.

Il fait nuit. Une nuit noire s’est abattue, le voyage durera deux heures et demie. Pas d’échappatoire. Que vous ayez les yeux clos ou les yeux ouverts, la vision est la même.

Seule la voix d’Yves-Noël Genod se fait guide. Il alterne poèmes et commentaires sur l’œuvre de Charles Baudelaire. Il tousse, il répète, il fait revivre l’âme du poète. Lucidité et spleen sont retrouvés pour nous emporter.

Toute la beauté des textes du poète ressurgit dans cette obscurité provoquant la concentration. L’intimité entre le spectateur et le poète se créée. Les vers du recueil Les Fleurs du mal traversent les spectateurs, les font peut-être tressaillir. Tantôt la voix murmure, tantôt elle crie.

Dans ce noir absolu, Genod fait quelques pas, déambule, veille sur les voyageurs. On note quelques apparitions phosphorescentes, rappelant le fantôme du poète qui erre. Ce voyage n’a pas de réelle destination en revanche il a un objectif : nous rendre encore plus vivants.

Il ne faut pas chercher le sens, le noir nous rend égaux pendant qu’un homme tente d’élever nos âmes. 

Carmen @Théâtre du Rond-Point, le 16 Décembre 2014


Un an après avoir présenté Swan Lake, Dada Masilo réinvestit la grande salle du Théâtre du Rond-Point pour proposer sa version d’un autre classique. Cette fois-ci, il est signé Georges Bizet, il s’agit de Carmen.

Toujours dans l’optique d’aborder les problèmes sociaux que les grands classiques ont toujours su mettre en avant, Dada Masilo réunit les questions de sexe, de manipulation, d’ambition et de mort que soulève l’œuvre de Bizet.

Carmen de Masilo est à la rencontre de différentes danses ; africaine, classique et flamenco ! Si ce mélange peut surprendre, le défi est plutôt réussi. Pas moins de quinze chorégraphes dans leurs costumes hauts en couleur font preuve d’une énergie détonante.

Si les thèmes sont plutôt graves, Masilo a su poser quelques moments humoristiques notamment dans les dialogues entre les personnages. Les confrontations hommes/femmes rappellent les affrontements dignes de West Side Story. Ils ne sont pas violents. 
Duos charnels, solos ou ensembles s’enchaînent, offrant ainsi des tableaux aussi différents les uns que les autres.

La scène du viol reste particulièrement bestiale, crue. Elle correspond donc à l’image du souhait de la chorégraphe qui ne voulait pas se montrer timide à propos de quoi que ce soit, confiait-elle dans sa note d’intention.


Le spectacle s’ancre dans l’actualité, les prochains ne pourront que suivre cette voie. Le traitement en est donc réussi. 

Le Langage des Viscères #25 @Auditorium Saint-Germain, le 06 Décembre 2014


Encore une soirée Le Langage des Viscères, la dernière de cette année 2014 ! 
Cette fois-ci on retourne à l'Auditorium Saint-Germain. 

Au programme : 
Exposition photos sur la thématique "Rien n'est plus trouble que la grâce", une performance VJ mêlée à de la danse butô "La rose est sans pourquoi", une performance de danse "Cassandre", des lectures, des projections de courts-métrages et pour finir le concert des Soror Dolorosa.

"Rien n'est plus trouble que la grâce", un thème fort poétique qui promet des photos très esthétiques. Un collectif de photographes explore ce sujet en prenant majoritairement des femmes pour modèles. A la rencontre des flous artistiques, juxtaposition des corps et des grains photographiques. Ici, la grâce c'est avant tout l'élégance. Les photographies mêlent poésie, rêverie voire fantasmes colorés.

La soirée commence avec en exclusivité la performance "La rose est sans pourquoi" puisant son inspiration du poème d'Angelus Silesius Extraits ici ]. Dorianne Wotton signe à nouveau une manipulation vidéo hypnotique sur une musique atmosphérique interprétée au synthé en direct par Amine Boucekkine. Sons stridents, puissants et chœur saint se mêlent à la délicatesse des mouvements d'Anaïs Bourquin. Plus intime, plus gracieuse Anaïs Bourquin fait disparaître la violence du butô au profit d'une élégance, un minimalisme plus grinçant. Ses mouvements sont plus lents, plus délicats. Une rose qui s'ouvre. 

La poésie se poursuit avec Juliette Morel - qui avait déjà participé le 24 janvier dernier en proposant L'Attente - avec une création s'inspirant du texte de Friedrich Schiller; Cassandre. Juliette Morel choisit de mélanger vidéo et danse. Un écran diffuse des images d'elle courant sur une plage, trébuchant, chutant. Le décor est en noir et blanc, seule sa robe ressort de par sa couleur rouge. La création est toujours aussi saisissante, les mouvements sont élégants, les figures sont parfois au sol. La danseuse fixe son public avec intensité, les émotions sont là. Cassandre c'est une prophétesse maudite, rejetée. Ce qui explique les chutes minutieuses. 

Après ces deux grands temps forts, Amine Boucekkine revient sur le plateau de l'auditorium et clame un texte poético-philosophique sur la notion du désir. La pureté de ce mouvement humain est questionnée. Ce sentiment à la fois fort et imparfait, si souvent lié à l'amour. 

S'en suit la projection de deux courts-métrages : 
Rêvalités une collaboration entre le travail photographique de Julie de Waroquier et du travail cinématographique de Damien Steck. Une promenade dans un univers entre le rêve et la réalité d'une esthétique remarquable. 

Matin lunaire un court-métrage hypnotique, psychédélique réalisé par Clément Oberto sur la musique du groupe électro Plaid

La soirée s'achève sur le concert du groupe français Soror Dolorosa. Un groupe s'inscrivant dans la lignée coldwave digne des Cure dans leur période Pornography. Soror Dolorosa dégage ainsi une belle énergie scénique. Le public ne pouvait qu'en demander encore. [ Soror Dolorosa et son titre Dany @Auditorium Saint-Germain ]

Rendez-vous les 20 et 21 mars prochain au MPAA Broussais ! Une programmation lourde vous attend !








Clod et son Auguste @Comédie Nation, le 12 Décembre 2014


Clod (Baptiste Roussillon) est un clown, taquin à souhait qui aime faire rire les enfants. Il ne peut pas vivre sans son Auguste et inversement.  Mais un jour, la ville est occupée par la milice. Progressivement, son monde s’effondre et laisse place à la terreur. Ses amis quittent le cirque, les soldats sont agressifs.

Baptiste Roussillon incarne avec justesse ce personnage rattrapé bien trop vite par la réalité. C’est un heureux personnage qui progressivement se fait violenter. Si le début du spectacle est un moment léger, il bascule lentement vers le drame. Le comédien seul en scène, dévoile son talent pour les mimiques. Les grimaces du clown deviennent celles d’un homme qui souffre. Roussillon, par sa maîtrise du rythme, parvient à tenir ses spectateurs en haleine, qui n’osent plus faire échapper un rire.

Loin du spectacle enfantin, Stanislas Cotton signe un texte très dur et dérangeant. Percutant est également l’une des caractéristiques de cette pièce. 


La mise en scène de Vincent Goethals est au plus proche de son personnage ; un miroir pour faire face à son double, un escabeau pour prendre de la hauteur, tenter de fuir et un seau. Les codes du costume de clown sont bien au rendez-vous ; le nez rouge, le maquillage et les grandes chaussures. 

Bad Little Bubble B. @Théâtre du Rond-Point, le 05 Décembre 2014



Dans une mise en scène de Laurent Bazin, cinq comédiennes (Cécile Chatignoux, Céline Clergé, Chloé Sourbet, Lola Joulin et Mona Nasser) se prêtent au jeu de la performance artistique sur la thématique centrale : la pornographie.

Le spectacle est une succession de scénettes qui balaient les sujets connexes. Corps nus sur une scène nue. Seules les lumières font office de décor. Cinq comédiennes se prêtent au jeu avec un ton décalé et arrivent à nous interroger sur le rapport entretenu avec notre corps.

Ici, pas de provocation ! On assiste à des parodies de conférence universitaire sur la pornographie, casting pour un film pornographique avec le cliché de l’actrice originaire des pays de l’Est, tout y passe !

C’est peut-être cru mais au fond, le traitement, lui, est poétique ! Bad Little Bubble B est un titre qui nous fait penser aux balbutiements. Balbutie-t-on lorsqu’on est surpris en pleine vision de film pornographique ? La honte nous parcourt quelque peu et on finit par bafouiller. 

La petite histoire @Théâtre de verre, le 30 Novembre 2014


La petite histoire c'est celle qu'on ne veut pas ressasser tant elle est douloureuse. 
Pourtant on s'efforce, persuadés qu'on pourrait aller mieux. 

La scène se déroule dans des tombeaux, Montaigue (Morgan Floc'h) et Capulet (Alain Leclerc) sortent de leurs cercueils, s'arment de courage et racontent la petite histoire à la mémoire de leurs enfants qu'ils ont destiné à mourir. Ils ne peuvent oublier la haine de leurs familles respectives. 
Tout est évoqué : les bagarres, les provocations,l'exil pour finir par la mort. 
Ils sont rongés par le mal qu'ils ont infligé à leurs enfants. 
Roméo (Wilhem Mahtallah) était fou de Juliette (Alexandra Branel), il n'adressait plus la parole à sa mère avec laquelle il était si proche et Juliette forcée d'épouser Paris. 

Le plateau est sobre, l'éclairage - signé Laëtitia Favret et Francis Bôquet - est assuré par des bougies alignées sur toute la longueur de la scène. L'ambiance funèbre est au rendez-vous. 
Rémy Lesperon signe une composition sonore minimaliste; un jeu entre les échos et une sonorité précieuse, interprétée de moitié en direct. 

Capulet et Montaigue sont vêtus de noir, leurs yeux sont marqués, un vrai style gothique; dentelle et cuir - confectionnés par les mains de Jarno Eslan - . Leurs enfants font contraste et la pureté de leurs âmes se voit : Juliette porte une robe blanche, Roméo porte un costume alliant noir et blanc. 

Guillaume Moreau retranscrit au mieux le texte d'Eugène Durif, noir et tragique. Il y introduit une scène de commedia dell'arte qui trouve justement sa place. 

Les comédiens sont tous à la hauteur et porteurs d'une intensité certaine. Morgan Floc'h se fait mère rongée par le remord, elle aurait aimé comprendre son fils, nostalgique de l'innocence de ce dernier lorsqu'il était enfant, Alain Leclerc interprète avec l'aide de sa voix singulière un père robuste pourtant sensible et le duo amoureux, si jeune, si sensible, ils sont bien assortis. 

La compagnie Le Festin de Saturne souhaite arpenter les routes pour atteindre Avignon, souhaitons leur bon vent, ils sont en bonne voie !


Neige noire, variations sur la vie de Billie Holiday @Théâtre de la Tempête, le 27 novembre 2014


Christine Pouquet signe ici un texte alliant musique et théâtre retraçant la vie bouleversante de la grande chanteuse de jazz Billie Holiday.

Une muraille composée d’une cinquantaine de valises sert de décor. Ces valises sont comme des placards, chacune renferme un mini décor. On pourrait penser au théâtre d’objets. Deux comédiens sur scène : Samantha Lavital et Rémi Cotta (en alternance avec Philippe Gouin).

A eux deux, ils revisitent l’histoire au destin tragique de Lady Day. Le spectacle est un savant mélange d’humour, de tragédie et bien sûr de musique. Samantha Lavital interprète avec un superbe timbre de voix  les grands classiques du répertoire de la chanteuse ; God bless the child, Don’t explain, Strange fruitRémi Cotta se prête au jeu et interprète les hommes qui ont pu être présents dans la vie de l’artiste. Les moments de poésie s’alternent avec du burlesque habilement servis par des comédiens talentueux.  

Tout est dans le titre, variations sur la vie de Billie Holiday. Les variations tant les évènements marquants de la vie de Billie Holiday ont baigné dans une palette d’émotions.


Le spectacle s’achève sur le magnifique et bouleversant thème qui marqua le début de la chanson contestataire ; Strange fruit. Frissons garantis !

Le désir de l’humain @La Girandole, le 23 Novembre 2014


Dans une ambiance de guinguette parisienne, Eugène Durif s’entoure de trois musiciens (contrebasse, cornet et accordéon) et se lance dans la lecture de ses poèmes sur la condition humaine.

Introduits avec humour et une douce timidité, les textes d’Eugène Durif dépeignent le quotidien d’une humanité en voie de disparition. Interrogeant l’humain et sa situation, les textes sont teintés de noir, tout en essayant d’apporter un peu de joie, d’ « au moins chuter d’un peu plus haut que terre ».

Durif c’est une écriture habile, subtile qui se laisse porter par des récitations ou des moments chantés à la manière des chansons populaires – on notera l’interprétation de Sombre Dimanche, le « morceau suicidaire hongrois » -.

Nathalie Goutailler avec son cornet propose des tonalités tantôt feutrées tantôt claires, l’accordéon de Karine Quintana s’époumone à tout rompre et le jeu de contrebasse de Bruno Martins fait swinger les sentiments. 

Sans décor, quelques jeux de lumières sans artifice suffisent à faire sourire le public et le faire philosopher en sortant. Le désir de l'humain c'est avant tout un moment chaleureux autour d’une thématique qui ne peut qu’unir spectateurs et acteurs : l’humanité.

Face à l’amour, face à l’adversité, face à face avec tout, nous ne pouvons  que ressortir qu’humain. 

Huis clos @A La Folie Théâtre, le 22 Novembre 2014


La compagnie Les yeux qui sonnent présente Huis clos de Jean-Paul Sartre.

On comptera pas moins de dix personnes sur scène ; trois comédiens, trois danseurs et quatre musiciens. Ce mélange des arts promet une adaptation originale.

Garcin, Inès et Estelle se retrouvent en enfer, ils ne savent pas pourquoi. Du moins, au début. Leurs échanges permettront de comprendre les raisons. Leur cohabitation sur une durée inconnue les pousse à se connaître, jusqu’à dévoiler leur fragilité.

Le plateau est simple mais efficace ; la pièce se compose alors d’un canapé bordeaux, un fauteuil Second Empire, un porte-manteau, un petit bocal sans poisson mais un coupe-papier et voilà tout. Les personnages sont livrés à eux-mêmes.

Chaque comédien a su apporter à ce texte son degré d’exigence. Luc Baboulène interprète un Joseph Garcin qui se révèle progressivement, d’un air calme au début il glisse vers l’angoisse et presque vers la folie tant l’adversité lui rappelle qui il est réellement. Hélène Bondaz livre une Estelle Rigault encore plus peste qu’on ne pouvait l’imaginer, pipelette, dépendante des autres pour assurer son existence et Anne-Lore Leguicheux – qui signe ici la mise en scène – propose un jeu intense pour une Inès Serrano arrogante, peu aimable mais terrifiée.

A ces talentueux comédiens se joignent les danseurs livrant des chorégraphies gracieuses et élégantes pour visualiser les doubles maléfiques – que l’on comprend par leurs costumes rouge et noir mais également par l’habile jeu de lumières d'Elodie Murat - de nos personnages ainsi que leurs pensées les plus profondes qu’ils n’osent pas s’avouer au premier abord. 

Ces danses sont interprétées sur des morceaux graves joués en direct par les quatre musiciens (piano, violoncelle, accordéon et guitare sèche). Un air redondant très profond intensifie le caractère oppressant du huis clos.

Ce spectacle a vu le jour grâce à un financement participatif, le public était au rendez-vous aussi bien pour le soutenir mais aussi pour assister aux représentations, la compagnie Les yeux qui sonnent ne peut que s’assurer un bel avenir !

L'anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française - Alister


Alister (alias Christophe Ernault) multiplie les casquettes; auteur, compositeur, interprète et rédacteur en chef aux côtés de Laurence Rémila de la revue Schnock.

Le 12 novembre, au Thé des écrivains  c'était ambiance lancement de son livre L'Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française (Editions La Tengo).

Comme à son habitude, Alister a beaucoup d'humour et signe ici un livre qui revisite des grands classiques de la chanson française afin d'y trouver quelques pépites ou devrais-je dire coquilles.
Ici et là sont notifiées des bourdes qu'à la première écoute, on n'aurait pas forcément capté (ou qu'on n'a même pas capté du tout).

Pas moins de dix chapitres tout aussi divertissants les uns que les autres ; Anthologie de la bourde chansonnière, Very Bad Titre, Hallucinations auditives, Les Beatles en VF, Apologie du cliché "Stress & Strass", La chanson de la cambronne, J'ai rien compris mais c'est pas grave, Un air de famille, La tentation de Venise et Offiriez-vous ce disque aux gens que vous aimez ?

Une bien belle compilation qui n'hésite pas à taquiner les grands noms du "patrimoine" francophone tels qu'HallydayAznavourBrel, Brassens, Cabrel et tant d'autres ! En lisant le livre on revisite la chanson française qui a marqué des époques, des esprits et qui du coup les marqueront encore plus.


Désinvolte, Alister en connaisseur donne l'impression de se promener dans une discothèque rayon Chanson française avec le lecteur. Réflexions personnelles, discussions entre amis, toutes les pistes ont été exploitées pour dénicher les bourdes. Pour notre plus grand bonheur, il le fait avec beaucoup d'humour.

On en profite pour signaler que Mister Ernault sort son troisième album en début 2015, pour sûr, il sera attendu et gare à la bourde !

Morteparole - Jean Védrines


Deux amis. Paul et Giovan. L’un aspire à devenir professeur, élever les âmes et l’autre fils d’immigrés est séduit par les mots de la révolution prononcés par son frère. Deux êtres pourtant si différents vont vivre une enfance bercée par le langage tantôt élévateur tantôt révolutionnaire.

Jean Védrines signe ici son sixième roman d’une plume toujours aussi poétique, subtile. S’exprimant à la première personne, Giovan est le témoin de l’ascension sociale de son ami qui finit par chuter brutalement. Il raconte leur enfance, en classe ou lors de leurs moments libres où ils partagent leur vision du monde.

C’est le récit d’une opposition permanente entre un langage des élites et un langage libre. Un parfum d’enfance se mélange à la cruauté de la société tant décriée par Giovan.
Les deux compères sont liés par une amitié indestructible. Bien que parfois critique à l’égard de son ami, Giovan est admiratif. Si Paul aime son ami, il lui arrive d’être dur mais les mots peuvent dépasser la pensée.

Védrines est un amoureux des mots, son écriture est fluide et les phrases sont toujours recherchées, pleines de délicatesse. Elles touchent le lecteur, témoin d’une amitié que tout semble opposer.   

Oh boy! @Théâtre National de Chaillot, le 14 Novembre 2014


Le roman jeunesse de Marie-Aude Murail récompensé à plusieurs reprises a traîné dans les mains d’Olivier Letellier et Catherine Verlaguet qui, en 2009, ont décidé de le mettre en scène.



Trois enfants (Siméon Morlevent 14 ans, Morgane Morlevent 8 ans et Venise Morlevent 5 ans) sont orphelins depuis peu. Leur père a disparu et leur mère est morte en tombant dans les escaliers (en réalité elle s’est suicidée en buvant du canard WC mais c’est la version qu’on ne peut pas raconter aux enfants. Etrangement, Siméon est au courant). Les voilà bons pour l’orphelinat.

Laurence Deschamps - la juge des tutelles - part à la recherche d’une famille pour ces jeunes enfants. Suite aux appels, Josiane Morlevent, 37 ans ophtalmologue et Barthélémy Morlevent, 26 ans qui travaille chez un antiquaire. Les orphelins sont donc amenés à vivre en garde alternée chez ces deux parents possibles. N’arrivant pas à avoir d’enfants avec son mari, Josiane est très intéressée à l’idée d’adopter la petite Venise, si mignonne qu’on ne peut lui résister mais elle ne veut surtout pas des deux autres. Pour Barthélémy, c’est plus compliqué ; il est homosexuel et n’est absolument pas prêt à s’occuper d’enfants et n’est pas sûr que son compagnon apprécie.  Sa demi-sœur ne voit qu’en lui un irresponsable et ne lui témoigne que peu d’affection.

La pièce rend compte des moments de garde avec Barthélémy. Les enfants sont représentés par des livres, puis peu à peu sont identifiés par une petite chaise d’enfant. Il traîne avec lui une armoire, plutôt lourde – qui renferme très certainement tous les secrets de la famille Morlevent – prenant des aspects plus légers lorsqu’on avance dans l’histoire.

Tout l’esprit du roman s’y retrouve ; les moments dramatiques s’alternant avec beaucoup humour à destination avant tout d’un jeune public. La scénographie est riche de par la poésie véhiculée par tous les objets présents sur le plateau.

Légèreté et questionnements de la vie sont au rendez-vous dans cette pièce nullement propagandiste à l’heure des débats sur l’adoption pour les couples homosexuels. Nous voilà embarqués dans une histoire touchante racontée par un Barthélémy (en alternance Lionel Erdogan/Guillaume Fafiotte) très attachant. La formation de conteur d’Olivier Letellier se ressent dans cette manière tournoyante, insouciante et surtout tendre de raconter un récit porteur de thèmes aussi délicats que sont l’abandon, l'homosexualité, la maladie, la mort…


Une pièce qui plaira aux jeunes enfants et aux adultes !

Idiot ! parce que nous aurions dû nous aimer @Théâtre Nanterre-Amandiers, le 8 Novembre 2014


Vincent Macaigne... Après avoir proposé une relecture d'Hamlet - Au moins j'aurais laissé un beau cadavre - à l'occasion de l'édition 2011 du Festival d'Avignon, il a délaissé les planches pour le cinéma. 

En 2009, il proposait déjà son adaptation du célèbre roman de Fedor Dostoïevski mais c'est véritablement en 2014 qu'il revient de plus belle pour Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer pour le Festival d'Automne au Théâtre de la Ville puis au Théâtre des Amandiers. 

C'est dans une ambiance festive que se déroule l'arrivée au théâtre. Distribution de boules quies à l'entrée, ça s'annonce bruyant et on circule dans une brume blanche digne des grandes soirées. 

Mégaphone à la main c'est le père de Nastassia Philippovna (Servane Ducorps)qui nous convie à célébrer l'anniversaire de sa fille. Une immense farandole est orchestrée jusqu'à l'arrivée dans la grande salle. Et dans la grande salle ça se poursuit. Il fait noir, on distingue à peine les rangées, on se laisse tenter à l'idée de rester debout puis on finit par s'asseoir. 

Les premières tirades sont clamées voire vociférées au travers de micro ou à nouveau de mégaphone. Lebedev nu (Emmanuel Matte) débarque sur la scène qui enfile un costume d'énorme lapin - pensant que c'était une soirée déguisée - et débite un discours sur les idéologies; libéralisme, socialisme ou encore capitalisme. C'est ambiance soirée mousse dans une pièce aux vitres en plexiglas où tout le monde s'agite, le champagne coule à flot, les coups partent dans tous les sens. 

L'image d'une société décadente qui n'est autre que la nôtre. Violence et débauche sont les maîtres mots de cette adaptation reflet d'une époque bouleversée. 
Le décor est immense et ne cesse de se déconstruire. "Voici venu le temps du sang et de l'argent" peut-on lire sur les murs. Fumigènes, terre, peinture, mousse, eau, hémoglobine, acier se déversent sur un plateau en plein démantèlement.  

Dans cette relecture, Pascal Reneric interprète un Idiot tantôt grotesque, candide dans le premier acte. Devenu grave et désillusionné dans le second où il subit l'humiliation. Servane Ducorps livre une Nastassia frappée par les débordements, s'imagine dépravée, souillée - notamment lors d'une scène très crue - . Thibault Lacroix incarne un Hippolyte qui peine à réussir sa mort, après une vie basée sur le mensonge, personnage déboussolé, profiteur, les prestations de Dan Artus (également assistant metteur en scène du spectacle), Pauline Lorillard, Rodolphe Poulain et Thomas Rathier (qui signe la partie vidéo) sont tout aussi remarquables. 

Vincent Macaigne croise nos pulsions, nos passions, nos colères et nos espoirs. 
Il signe ici un manifeste sur la déconfiture de notre société de cyniques, cupides, individualistes et hypocrites. 
"On ne finira jamais la liste des saletés de notre siècle"

| Bande - annonce |

Cinéma




















Gone Girl  




















Une nouvelle amie     
                                                                         

River of Fundament @Cité de la musique, le 25 Octobre 2014


En 1983, Norman Mailer signait son roman Nuit des temps (Ancient evenings). 


Un récit pour le moins atypique qui se contextualise du temps de l'Egypte de Ramsès II, l'auteur le confie à Matthew Barney un an avant de décéder. 
Barney y trouvera une véritable source d'inspiration  qui donnera naissance à ce film opéra :
River of Fundament


Explorant les thèmes de la vie, la mort et la réincarnation, ce chef-d'oeuvre est à la croisée de la performance, de l'opéra et du cinéma. Le genre est encore indescriptible, on se laisserait tenter à le placer dans le drame psychologique mais tout reste possible. 

Matthew Barney est bien connu pour ses créations contemporaines aussi surprenantes les unes que les autres. Découpé en trois actes, une durée de six heures, River of Fundament est un condensé d'images provocantes, crues où se croisent moments chantés et dialogues de divinités rivales. Ces images choc se mélangent à des instants presque documentaires d'une esthétique remarquable. Toutefois, l'oeuvre est recommandée à un public averti.

Jonathan Bepler  signe une création musicale qui s'éloigne de l'idée d'une bande originale traditionnelle. Tous les styles musicaux se confondent, de nouveaux instruments voient le jour uniquement pour l'occasion et toutes les formes de chant s'y retrouvent; duos, trios, quatuors... 

Si la trame narrative reste complexe à suivre - une alternance de flashbacks et de scènes ancrées dans le présent de l'action - le public est concentré, presque figé, captivé par ce voyage au cœur d'un univers pharaonique. L'humour ultra-cynique fera rire discrètement. 

Le Festival d'Automne a su proposer une aventure riche et pour le moins intense qui ne manque pas d'audace. 

Trailer : 




Open Space @Théâtre du Rond-Point, le 17 Octobre 2014

La grande salle Renaud-Barrault du Théâtre du Rond-Point fait office d’entreprise. Une journée dans une petite compagnie d’assurance de l’ouverture à la fermeture, l’histoire n’est autre que le quotidien de la vie en open space.

Attention ! Cette pièce ne comporte aucun dialogue, seuls les sons font office de langage. Les différents employés communiquent entre eux à base de borborygmes et d’une gestuelle suffisamment expressive pour se faire comprendre. Le spectacle se veut avant tout sonore ; les bruits de la machine à café, la chasse d’eau, le cliquetis des claviers se mélangent et racontent l’enfer de l’open space.

Tous les clichés des personnalités que l’on peut croiser au travail sont réunis : la femme agaçante qui fait un bruit atroce avec ses chaussures à talons (Stéphanie Barreau), l’alcoolo qui profite que ses collègues sont occupés pour boire une flasque qu’elle cache dans son sac (Dédéine Volk Léonovitch), la jeune timide complexée (Agathe Cémin) qui se cache derrière ses lunettes, à qui on hésite pas à refiler les gros dossiers, le jeune cadre charmant qui plait à toutes ses collègues (Loup-Denis Elion), le stressé touché par le ridicule (Gabriel Dermidjan), le suicidaire que personne ne voit (Emmanuel Jeantet) et bien sûr, le patron au plus haut point caricatural, transformé en Hitler (Gil Galliot).

Chaque mimique est une perle d’humour, les moments de ralentis ou même d’accélération sont parfaits. Les comédiens maîtrisent l’essentiel ; leurs gestuelles. Une heure et demie qui narre l’absurdité d’un huis clos quotidien.

Si c’est surtout l’humour qui est présent, le tragique y trouve sa place mais pour savoir pourquoi, il faut s’y rendre et vite ! 

Combat @Théâtre du Lucernaire, le 5 Octobre 2014

Un plateau dénudé ; une table, un bœuf suspendu au plafond et quelques chaises parsemées ici et là.


Jean a voulu donner la plus belle réception pour célébrer la médaille du travail qu’a obtenu sa mère en raison des loyaux services qu’elle a pu rendre à l’abattoir de la ville. 
La figure maternelle récompensée fait contraste avec un fils abonné au chômage, à une vie sans avenir, sans espoir. Un vilain petit canard. Ce dernier a une demi-sœur qui contrairement à lui, brille. Elle, a quitté le domicile familial et devenue une élégante cadre bourgeoise. Le jour de la fête, elle se contente d’un aller-retour dans la journée. Elle se voit offrir un couteau de boucher par sa mère. Curieux présent. Elle ne manque pas de l’utiliser dès le soir de son retour. Sur un homme innocent sur le quai de la gare. Brutalement, cette femme modèle bascule dans la folie. 

On souriait, on se met à angoisser soudainement. 

Une leçon de philosophie sur la vie est à tirer. Jean voit la vie comme un parloir, la sonnerie nous rappelle que ça ne dure pas éternellement. Il explique au policier qu’on ne peut pas faire pousser deux pieds de tomates dans un pot ; il faut arracher le mauvais pour sauver le beau.
Le texte de Granouillet est grandiose. La brutalité des personnages est épatante. La froideur est palpable, on sort de la salle avec l’angoisse. Cette famille lutte pour sa réussite jusqu’à perdre pied. Dans un registre psychanalytique, on dirait un Œdipe des temps modernes.

Le jeu de Jacques Descorde est intense, un personnage qui se veut profondément bon, contraint de se faire comparer à sa sœur ; Muriel. Astrid Cathala est brillante, sa folie, sa violence sont parfaitement maîtrisées et interprétées avec brio. A tout meurtre son témoin, Ewann Daouphars fait office de chœur à la manière d’une tragédie grecque. Présent partout, il ne manque pas de prendre parti. La femme de Jean jouée par Anna Andreoti est soumise mais prête à tout pour venir en aide à son époux.


Une tragédie marquante, à voir absolument en essayant de percevoir la brûlante résonance à l’actualité !   

Le Langage des Viscères #24 @MPAA Broussais, le 27 Septembre 2014

Pour cette édition, Amine Boucekkine et ses artistes ont choisi de s'installer à la toute nouvelle Maison des Pratiques Artistiques Amateurs dans le 14ème arrondissement. Une soirée plus intimiste que les précédentes mais un succès toujours au rendez-vous !

Une exposition en partenariat avec le collectif CAVE; Angel Roy Graphikart, Erwan Kénizoré, Angelina Nové, Nihil, Eric Lacombe, Daria Endresen, Sibylle Ruppert, Bastien Lecouffe Deharme, Steve Taniou, Elodie Huré, Paul Toupet et en exclusivité deux illustrations de ... 
David Lynch
Pas de thématique précise cette fois mais une réelle fascination pour le corps. 
Erwan Kénizoré joue sur le vaudou avec ses sculptures de petites tailles.
La sculpture de Paul Toupet 1,2,3 soleil rappelle un univers burtonien, l'innocence de ces enfants-lapins-zombies est presque angoissante ! 

Pendant la visite de l'exposition, Sarah Violaine proposait une performance sous forme de déambulation. Une présence shamanique erre dans la MPAA Broussais, un esprit bienveillant venu d'outre-tombe pour se présenter aux mortels. 

Les lectures ne manquent pas d'arriver : Claire Barré proposait un extrait de son roman Ceci est mon sexe* (si vous ne l'avez toujours pas lu, il serait temps ;-) ) et à son habitude Amine Boucekkine suggère un texte sombre. Ici on nage dans l'utopie, l'espoir pessimiste de l'homme et son avenir sur Terre. 

Fin des premières lectures : projection du court-métrage de Vincent Bourre; La place du mort. 
Un court-métrage mettant en scène un apprenti conducteur, son professeur et un accident. Le film ne dispose pas de beaucoup de dialogue, le silence est de mise et l'angoisse du jeune conducteur est ressentie par les spectateurs. 

Place au concert d'Aube L, jeune chanteuse qui était déjà passée par Le Langage des Viscères par le passé. Elle se définit comme un bisounours dépressif mais reste relativement joyeuse. Son sourire communicatif n'a pas manqué de séduire les spectateurs. Véritable femme orchestre, elle joue sur un synthé, du violon, de la guitare et tape le rythme sur une caisse accompagnée d'une cymbale. Avec des tonalités électro, Aube L est un savant mélange des Cure, de Radiohead et de Depeche Mode. Lors d'une conversation avec elle, Aube L revendique bien sûr encore plein d'autres influences.

Les secondes lectures prennent place. Wilfried Salomé lance la sienne avec humour pour finalement la délaisser. Il s'agissait d'un texte sur une génération : les trentenaires. La joie contrastant avec le désespoir. Amine Boucekkine attire les spectateurs sur un sujet qui les concerne tous : la vie en ville. La grandeur de cet espace physique s'opposant à la petitesse de son habitant, sa solitude, la folie grandissante. Les intonations sont proches de la rage. Pour finir sur celle de Marc-Louis Questin, connu de la scène gothique pour sa littérature fantastique et goth. Une lecture qui s'avère théâtralisée, romantique et élévatrice.

La soirée se termine sur le concert des jeunes Random Monsters, un groupe talentueux qui a une excellente énergie. Des sonorités psychédéliques voire stoner, le son est excellent pour les oreilles. Une certaine noirceur délicieuse se dégage. Quatre garçons à suivre ! 

Prochain rendez-vous : le 6 Décembre à partir de 18h30 à l'Auditorium Saint Germain !

* Chronique du roman disponible ici

Photos disponibles ici 

De quoi parlez-vous @Théâtre du Lucernaire, le 28 Septembre 2014


La compagnie C’est-pas-du-jeu s’empare du texte de Jean Tardieu et livre une interprétation remarquable dans une mise en scène astucieuse !

Les comédiens sont jeunes et plein d’énergie à revendre. Ils interprètent cinq scénettes absurdes du début à la fin portées par un langage aussi bien verbal que non verbal.

Les mimiques et expressions faciales des comédiens communiquent avec un public qui savoure.

Le texte de Tardieu ne s’ancrant pas dans une époque, les jeux de mots, le non-sens sont universels. La compagnie C’est-pas-du-jeu réussit à faire revivre avec brio un humour absurde qui tend à disparaître des scènes françaises. 

Hetero @Théâtre du Rond-Point, le 24 Septembre 2014



S’il était dans le public, Patrick Juvet chantonnerait son tube de 1977 ; Où sont les femmes ?

En effet, dans la société d’Hetero, il n’y a aucune femme, elles n’ont jamais existé. On y rencontre uniquement des hommes. Les uns sont faits pour enfanter et les autres sont faits pour travailler. Le prétendant travaille, apporte l’argent au sein de son foyer et son époux se charge du foyer et de l’enfant.

La pièce nous plonge dans un foyer bourgeois où un couple (John Arnold et Christian Caro) discute de l’avenir de leur fils unique (Valentin de Carbonnières). Ce dernier ne semble pas se soucier de son destin, se laissant aller au gré de ses envies. Ils veulent le marier. 
Ils font appel à un entremetteur ; un certain Monsieur Négoss (Bertrand Farge) qui leur propose un jeune homme orphelin (Yvon Martin). 
La rencontre des deux hommes est surprenante: l’orphelin n’est autre que le supérieur hiérarchique du prétendant !

Les acteurs fardés de blanc évoluent dans un décor en toile noire et blanche qui finira peinturluré de multiples couleurs plus on avance dans l’intrigue. Ici, pas de cliché sur l’homosexualité, tous sont virils et d’apparences similaires. 

Les personnages subissent la norme : un papa aimant et soumis à son mari (Christian Caro) s’oppose à la figure de père autoritaire, soucieux de l’honneur de la famille (John Arnold). Les futurs mariés se veulent marginaux, réussir leurs objectifs personnels et professionnels. L’un ne comprend pas le poids social qui pèse sur son dos et l’autre a compris, aspire à toujours plus.

Des dialogues absurdes et des facéties inventives font d’Hetero une pièce résolument comique et le fond se veut dénonciateur d’une société à deux niveaux que l’on connait bien : dominants / dominés. On pointe également du doigt une société machiste. Le metteur en scène (Thomas Condemine) précise bien que cette pièce alimentera forcément le débat du mariage pour tous qui agitait encore l’actualité récemment et notamment l’enseignement de la « théorie du genre ».

Soirée de lancement de la saison 2014 - 2015 @Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette, le 23 Septembre 2014

Après une première saison très riche et qui a suscité un franc succès le Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette revient cette année avec une programmation encore plus sensationnelle. 

Isabelle Bertola (directrice du Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette) rappelle brièvement le passé du théâtre et apporte son soutien aux intermittents du spectacle. 

L’humour est de mise avec Pierre Borgeron

Répondant à un cahier des charges imposé par Isabelle BertolaBorgeron prend plaisir à réduire la dimension institutionnelle de la soirée de lancement. Il s’amuse alors avec un appareil jetable afin de rendre la soirée « inoubliable », « drôle » ou encore « légère »,  il fait son timide, offre à boire au public du premier rang, lit du Shakespeare… Tout en se concentrant sur le cahier qu’il transporte avec lui pour être sûr de bien répondre à tous les éléments. 

Les artistes présent prennent la parole tour à tour pour introduire leur spectacle et répondre à la question « Quel lien y a-t’ il entre votre travail et le théâtre ? ». 

Ainsi Jean-Pierre Laroche est le premier à parler pour J’oublie tout (du 4 Octobre au 12 Octobre au Carreau du Temple), suivi d’Ilka Schönbein pour Sinon je te mange (du 7 Octobre au 26 Octobre) dans le cadre du Figuren Focus 2 – série de 4 spectacles d’artistes allemands reprenant l’événement Figuren Focus qui avait vu sa première édition parisienne en 2009 au Théâtre de la marionnette. En partenariat avec le Goethe-Institut -. Elle raconte alors une petite histoire au sujet de son camping-car garé à la Cartoucherie. Toutes ses marionnettes auraient disparu. Elle trouve une araignée qui tisse sa toile dans un parapluie. Petit spectacle improvisé avec de la chanson au ukulélé. 
Alice Laloy pour son spectacle Sous ma peau/SFU.MA.TO/ (du 3 au 22 Février) a choisi de présenter son spectacle sous forme de rébus avec des diapositives. 
Les artistes absents présentent leurs spectacles par visio-conférence en « presque direct » (un enregistrement était réalisé au préalable, la vidéo ayant été lancée trop tôt, la magie de la visio-conférence s’est estompée avec des rires) ; Uta Gebert présente Manto (du 26 Novembre au 30 Novembre), Florian Feisel pour Krabat (4 et 5 Novembre), Yngvild Aspeli pour Cendres (du 20 au 30 Janvier au Théâtre du Fil de l’eau à Pantin et les 10 et 11 Février au Théâtre Berthelot à Montreuil) et Agnès Limbos pour Ressacs (du 17 au 29 mars). 

Pour le reste de la programmation, il suffit de consulter le site du Théâtre Mouffetard


Cette année place à la 8ème Biennale internationale des Arts de la Marionnette (du 5 au 31 Mai) ! 


La présentation se termine avec le spectacle Soleil couchant de la compagnie belge Tof Théâtre
Un spectacle poétique de trente minutes. 
Au bord de la mer, un vieil homme à taille humaine s’assoit et plante quelques fanions ici et là dans le sable. Le personnage est touchant. Lorsqu’il retire ses chaussures, elles sont remplies de sable. Il les vide, serait-ce la métaphore du temps qui passe ? 

Il observe ses mains, renifle un foulard, peut-être celui de son épouse disparue. Il perd une alliance dans le sable. 

Ses gestes sont teintés d’humour et porteurs d’une grande tendresse. 


On remarque une complicité qui le lie à son marionnettiste (Alain Moreau). Ce dernier restant attentif aux propositions de son personnage. 


Un beau et émouvant spectacle à retrouver lors de la Biennale !