Jean-Baptiste Siaussat "La revanche du terroir" @Théâtre des Blancs Manteaux, le 08 Mai 2018


L'histoire est simple et authentique : né au fin fond du Périgord - plus exactement du Périgord noir -, Jean-Baptiste était promis à un avenir d'agriculteur. Loin de lui l'envie de rester vivre dans ce comté, de s'occuper des bestiaux. Non, Jean-Baptiste veut devenir comédien. (Cela ne vous rappelle pas quelqu'un ? Promis à un avenir de tapissier... Avec le même prénom ? Jean-Baptiste Poquelin  plus connu sous le nom de Molière !) Et l'annoncer à la famille c'est un peu faire son "coming-out".

En une heure, Jean-Baptiste Siaussat parvient à dévoiler toute une palette de personnages plus vrais que nature ! Siaussat est bourré d'énergie et montre qu'il a le sens du rythme. Son histoire pleine d'humour est aussi remplie d'amour pour ses proches qui l'ont vu s'envoler vers la capitale. Et lorsqu'il s'agit de caricaturer le monde du théâtre en passant par la case conservatoire c'est excellent. L'humoriste est mordant, attachant et, pour le moins qu'on puisse dire, sincère dans son approche.

Si l'on peut s'attendre à ce que Siaussat raconte ses origines, il n'en est rien. Il revient sur son parcours en ne cessant de montrer une seule chose : l'envie de monter sur scène et de se donner en spectacle. Bien qu'il ait quitté sa région, l'artiste la porte dans son coeur.
En concluant son spectacle en chanson, il exprime tout son attachement pour elle.

Un p'tit bout de Périgord dans Paris c'est possible dès lors qu'on passe les portes du Théâtre des Blancs Manteaux. 

Tristesses @Théâtre de l'Odéon, le 03 Mai 2018



Après un passage remarqué au Festival d'Avignon en 2016, la grande salle du Théâtre de l'Odéon accueille la création Tristesses que signe la metteure en scène belge Anne-Cécile Vandalem .

Le plateau se compose de plusieurs petites maisons.
La scène se déroule au large du Danemark sur la petite île fictive
Tristesses.
Cette dernière souffrent de la disparition progressive de ses habitants; ils étaient un peu plus d'une centaine, la fermeture progressive des abattoirs qui étaient les seuls employeurs de l'île les ont poussé à la quitter - en se donnant la mort ou en regagnant le continent - ils ne sont désormais plus que huit comme appartenant à une même famille. On trouve alors Soren Petersen, maire de Tristesses (Jean-Benoît Ugeux), son épouse Anna (Anne-Pascale Clairembourg), leurs filles Ellen et Malene (Séléné et Epona Guillaume), Joseph Larsen, pasteur et ancien comptable des abattoirs (Vincent Lécuyer), son épouse Magrete (Catherine Mestoussis), Käre Heiger, fondateur du Parti du Réveil Populaire et ancien gérant des abattoirs (Bernard Marbaix) et son épouse Ida (Françoise Vanhecke). Cette même Ida se donnera la mort en se pendant au drapeau danois. Ce suicide provoquera le retour sur l'île de sa fille Martha (Anne-Cécile Vandalem), dirigeante du parti de son père, partie faire carrière sur le continent. 

C'est dans ce contexte de deuil que la petite communauté se retrouve à s'interroger sur l'avenir de l'île et sur les raisons qui ont poussé la défunte à passer à l'acte. De plus, Martha Higer semble déterminée à vouloir rapatrier le corps de sa mère sur le continent. Et ce, contre les volontés de la disparue.

A cheval entre le théâtre et le cinéma, Anne-Cécile Vandalem parvient à transposer un univers de polar nordique. Le texte est tantôt humoristique tantôt profondément dramatique. La metteure en scène joue entre le domaine du visible sur le plateau et les scènes à l'intérieur des maisons par le biais de l'écran situé au-dessus de la scène. L'ambiance est énigmatique, froide et par moment, presque surnaturelle.Les passages chantés apportent une dimension poétique à cette tragédie politico-philosophique.

Autant être prévenu, la création n'apporte aucune solution lumineuse, elle rappelle les sombres techniques employées pour manipuler les esprits. Portée par des comédiens talentueux, c'est sans aucun doute que l'on peut affirmer que Tristesses séduira les spectateurs de cette saison 2017/2018.