Interview Yann Destal


Le chanteur atypique, souvent qualifié d’ « ovni musical » par la presse, parcourant les salles parisiennes et ex-Modjo a accepté de me rencontrer. A l’heure du goûter, nous nous sommes retrouvés dans un café très parisien du 17ème arrondissement ; Le Royal Pereire. 
Nous voilà tranquillement attablés, thé au miel (pour sa gorge) et Coca-Cola pour collations respectives. 
Yann Destal est un jeune homme paisible qui dégage de la sincérité et qui par ses réponses, pousse à la réflexion.



                
              ·         Je vais commencer avec une première question, qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la musique ?

Je sais que j’étais tout p’tit, j’ai donc pas un souvenir très précis. Comme une espèce de prédisposition. Ma tante  m’a inscrit à des cours de solfège et à des cours de flûte à bec. Et ça m'a pris de manière enthousiaste,  je sais que j’en jouais spontanément, plus que pour les cours. Je me l’appropriais. Spontanément j’en jouais dans les pièces où ça résonnait… C’est vite devenu un peu ma "spécialité". Parce que dans ma famille y'avait pas beaucoup de musiciens, surtout des mélomanes. Ca m’a un peu collé à la peau, c’est devenu "identitaire" quoi.

               ·  Tu jouais pour la famille des fois… ?

 Evidemment à la fin des goûters, des trucs comme ça « Yann viens nous jouer un air de clarinette » ou un instrument sur lequel j’étais à ce moment-là. Mais y avait pas que ça. Je commençais déjà à composer des p’tites mélodies.

               ·   Dans quel univers musical baignais-tu enfant ?

Mon père écoutait beaucoup de musique, il achetait énormément de vinyles. Il avait une espèce de bibliothèque avec que des vinyles, énorme comme certaines personnes en ont chez eux. Une espèce de mur de vinyles. Et lui, il était très Rolling Stones, Beatles, KinksMais aussi des trucs des années 80, contemporains. C’était assez divers mais surtout rock sixties – seventies.

               ·   Qu’est-ce qui te plait particulièrement dans la musique ?

C’est une vaste question… J’ai le sentiment que c’est un mode de langage qui permet d’exprimer des choses que je pense pas pouvoir exprimer par la parole. C'est un langage parallèle. Au-delà des textes qu’on veut mettre dans les chansons, les notes elles-mêmes parlent, les instruments parlent. En tous cas, je sais que la musique a eu cet impact-là sur moi quand j’étais p’tit. Pierre et le Loup de Prokofiev l'explique à merveille. J’ai gardé ça encore aujourd’hui, mais c’est surtout quand j’étais p’tit. C’est-à-dire qu’une musique pouvait carrément me "choquer" ou même me mettre dans des états où j’avais vraiment l’impression de voyager dans des endroits… rares, précieux. Alors je ressentais des trucs que j’avais envie de dire moi aussi, qui faisaient écho à des trucs que j’ai vécu aussi, ou que j’avais envie de vivre aussi. Parfois même, avoir envie de le dire un peu mieux que la musique que j’entendais. C’est aussi pour ça que j’ai été poussé à la composition, j’me disais « Ouais c’est super c’que j’entends, mais ils disent pas ce truc-là exactement ! » et du coup fallait que je le fasse moi-même. Après y a mille autres choses, mais c’est surtout ça. (…) C’est ce que dit Lavilliers, « La musique est un cri qui vient de l’intérieur ».

              ·    Tu faisais partie du groupe Modjo la reformation n’est pas envisagée ?

Non, il n'y a pas de reformation prévue…

               ·   C’est une autre époque j’ai envie de dire…

Ah bah ouais attends, c’était y a 15 ans à peu près. En fait, de temps en temps on se revoit avec Romain (Tranchart). On est toujours amis. Ce qu’il faut savoir c’est que les gens interprètent souvent ce que je fais maintenant comme un tournant musical après Modjo.. C'est en fait le contraire. C’était Modjo pour moi le tournant musical, je faisais déjà ce que je fais maintenant avant de rencontrer Romain Tranchart avec qui  je me suis essayé à l’electro.

               ·  A la House même !

Ouais voilà la house, la frenchtouch ou je sais pas comment on appelle ça. Mais je viens pas de cette scène-là. Et je pense qu’y avait beaucoup de gens de la frenchtouch qui venaient pas forcément de l’electro. Au moment où ça a eu du succès, je savais que c’était pas mon monde, mon territoire pour la vie quoi… C’était un moment très cool et j’suis très content de la musique qu’on a fait, hein…Mais je savais que ça pourrait pas exprimer ce que je décrivais plus haut. C’était plus dans le cadre festif. Même si dans Lady y a une sorte de mélancolie, y a déjà quelque chose d’un p’tit peu… qui parle de l’intérieur. (…) Mais je suis content de ce que je fais maintenant. 

         ·    Reprendre Lady en acoustique…

Ca on l’a déjà fait à l’époque… (…) Et puis il faut passer à de nouveaux morceaux. Voilà je sais pas trop quoi dire de plus sur ça. C’est vrai qu’aujourd’hui ça me surprend toujours qu'on me parle encore de Modjo.

                 ·   Avec quel(s) artiste(s) rêves-tu de collaborer ?

Je fonctionne pas trop comme ça en me disant « Tiens avec tel genre d’artiste j’aimerai collaborer ». C’est au gré des rencontres. J’aime bien, là récemment, j’ai posé une voix ‘fin j’ai chanté sur deux ou trois morceaux pour Marc Collin, de Nouvelle vague. J’en parle pas trop, c’est pas encore sorti et tout mais c’était très chouette de faire ça avec lui. Après c’est vraiment au gré des rencontres voilà. Collaborer avec des grandes stars je saurais pas trop quoi dire… Y en a beaucoup, y en a énormément… Ca se ressent plus en rencontrant les gens. Après si c’est juste par rapport à la célébrité de quelqu’un ça me suffit pas pour avoir envie de collaborer.

                  ·   Effectivement quand je te demande ça je parle surtout par rapport à la célébrité, la notoriété… Quelqu’un qui t’a influencé avant ou même maintenant qui continue à t’influencer… Avec qui t’aimerais beaucoup travailler quoi…

Ben quand on me posait cette question je répondais évidemment Björk ou RadioheadMais là je sais pas trop, je saurais pas te dire. Y a des gens que tu pourrais me proposer?

                  ·    J’voyais bien David Bowie mais je vise très haut ! (rires)

Ouais voilà c’est toujours viser très haut. Bah je sais que j’adore David Bowie et  s’il existait pas j’aurais pas fait mes morceaux tels qu’ils sont aujourd’hui. Il fait partie des gens qui m’ont appris à composer, à savoir comment exprimer les choses, comment les faire. C’est ces musiciens qui forgent tes outils. Ces gens-là sont déterminants. Ca change pas ce que t’as envie d’exprimer, mais la manière de le faire.

                 ·   C’est un peu l’image du parrain musical…

C’est ça !

                 ·  La presse te qualifie souvent et à raison d’ovni musical, cela te fait plaisir de ne pas être rattaché à un style particulier ?

Bah… C’est vrai. Ovni… Pourquoi ? Moi je vois pas pourquoi.

                ·   Tu rentres dans aucune catégorie musicale… Inclassable ! (sourire)

C’est quand même plutôt proche du rock, d’un truc un peu pop, évidemment après j’y mets ma patte, mais je trouve pas que je mérite d’être qualifié d’ovni. En un sens ça fait plaisir, c’est que t’as ta personnalité du coup. Pourtant le côté hors norme ça fait que si tu veux que ton projet prenne de l’ampleur, avoir un tourneur, de faire en sorte que ton projet commence à marcher de lui-même et s’autofinancer, à s’autoréguler quoi… Ovni ça aide pas. Ca fait peur aux gens dont la mission est d'avoir retour sur investissement.

                ·    Ah tu vois vraiment ça comme ça, que les gens ont peur de ça…

Non mais je suis confronté à ces deux réalités-là. C’est une vérité. Malheureusement, comme dans tous les domaines, la musique ne fait pas exception. Les gens qui peuvent te faire accéder à une exposition médiatique ont des intérêts financiers, en premier.  Et du coup comment tu veux qu’ils fonctionnent, ils sont forcés de choisir en fonction de ce qui a déjà été fait, ce qui a déjà fait ses preuves… Quand t’es un ovni, par définition, t’es quelque chose de nouveau donc qui n’a pas fait ses preuves, alors tu leur fais peur. C’est pour ça que moi j’aime bien l’idée d’avoir ma personnalité, mais, après avoir été ovni, un jour atterrir. Je ne sais pas composer autrement. Jusqu’à présent j’ai toujours refusé et j’espère que je continuerai  à refuser de faire des choses avec démagogie. Ca complique la tâche pour pas mal de choses. Faut du courage, faut de la force, faut de la ténacité et tout ça… Et puis peut-être qu’un jour, si ça passe, ça finira par ne plus être ovni, mais quelque chose du monde d’aujourd’hui quoi… Parce que ovni ça t’exclut. On te dit que t’es ovni, c’est te mettre sur une autre planète. C’est sympa d’être sur une autre planète mais à un moment faut être en relation avec le monde dans lequel tu vis, quoi. C’est pour ça qu’un jour j’aimerai m’affranchir de ce qualificatif.

               ·    Un jour tu lanceras peut-être le style ovni et tu sais pas…(sourire)
Ouais, je sais pas…

               ·   Quelles ont été tes sources d’influence pour Let me be mine ?

Mes premières influences sont mon vécu. C’est ce que je vis dans la vie. C’est ça qui donne naissance aux morceaux. Donc Let me be mine, c’est un travail de vie que j’ai fait. Un point, un examen de conscience. Reconfigurer, donner un œil critique sur ce qui était acquis jusqu’à présent dans la vie et tout ça. Ce qui est dangereux parce qu’après y a beaucoup de gens qui y passent, tu vas avoir moins d’amis… Quand tu fais un examen, que tu décides d'apprendre, tu vas te rendre compte qu’autour de toi y a beaucoup de choses que tu vas remettre en cause, dans le but de t’appartenir vraiment, pour se ré-approprier. Donc y a le côté combatif de ça, comme le  raconte la chanson « Let me be mine » les premières phrases c’est « Je mets la lumière sur des ennemis qui se cachent de mon côté » (Turnin’ on the light On ennemies that hide by my side). Et comme le dit le proverbe chinois ou je sais plus qui avait dit ça mais « Tes pires ennemis sont ceux qui sont le plus proches de toi. » Et l’album traite pas mal de ça. Ca dépend des morceaux, après y a les gens que tu peux découvrir, qui peuvent être des perles dont tu t’étais pas forcément rendu compte avant. Donc voilà c’est redécouvrir un peu sa vie  pour s’appartenir vraiment.

                ·    Les thèmes qui te tiennent à cœur pour écrire sont alors ton vécu, ce qui te forge …

Je ne peux parler que de ça. Mais après ça veut pas dire que c’est entièrement autobiographique. Parce qu’une œuvre autobiographique c’est parler de tout. Et je me considère pas moi, en tant que personne privée Yann Destal, moi j’suis Yann Destagnol c’est mon vrai nom, en tant que personne. Yann Destal, il parle de choses précises, il exprime ce qu’il a envie d’exprimer par la musique. Donc oui ce sont principalement les choses vécues mais il y a aussi une part de fiction dans le sens où par omission c’est pas exactement ce que je suis. (…) On parle toujours des choses dont on a envie de parler, ça veut pas dire qu’on parle de tout.

                ·    Est-ce qu’un jour on t’entendra chanter en français ?

C’est aussi une question que je me pose assez souvent ! D’avoir des morceaux en français, j’en ai déjà fait un qui s’appelait "Un Univers". Et "Fou du Monde". J’en ai parfois quelques uns. Mais du fait que je suis né dans un foyer où on écoutait beaucoup de musiques rock anglo-saxonnes du coup j’ai découvert la musique en majorité par ce biais-là. Et y a des types de musique qui appellent une langue. Tu le sais tout de suite quand tu chantes en yaourt, que t’as pas écrit les paroles, tu sais que c’est de l’anglais qui est là. Donc c’est surtout pour ça que c’est de l’anglais, c’est une question d’inspiration. Quand il me vient un morceau en français je suis très content de ça. C’est complètement une autre approche. Dans le français, le texte prend le devant. Moi j’suis plus musicien qu’auteur. Donc c’est peut-être aussi une des raisons qui fait que je suis plus tourné vers l’anglais jusqu’à présent. Y a aussi peut-être du fait qu’en anglais on prête pas forcément attention aux paroles. Ce qui peut être bien parce que du coup ça devient presque uniquement musical. J’aime bien ce côté aussi quand la musique prend le devant, que l'émotion se traduit par ce langage musical parallèle un peu mystique. Mais après ça devient un peu dommage quand tu veux dire quelque chose dans tes textes, parce qu’effectivement on y prête pas assez attention et c’est pour ça quand j’ai des morceaux en français, j’en profite pour exprimer ces mots avec force. Mais c’est très dur d’écrire en français. Je veux dire, de le faire bien.

               ·   Ca n’a pas la même musicalité que l’anglais…

Ca n’a pas la même musicalité mais le français a un degré d’excellence que je trouve très haut. Quand on connait Jacques Brel ou Gainsbourg on se dit qu’ils n’ont pas été dans les mêmes écoles que nous pour écrire comme ça. On sait qu’à une époque à l’école était plus stricte, il fallait travailler plus dur, enfin le niveau de grammaire d’orthographe était supérieur et souvent je me pose la question si on lutte à armes égales avec les auteurs de cette époque-là. C’est vrai que quand tu écoutes leurs textes, je vois pas d’équivalent aujourd’hui au point de vue de la virtuosité, de l’emploi de la langue française.  Est-ce qu’on a  la même maîtrise de la langue, pour écrire ? C’est une question que je me pose souvent.

                ·    As-tu des moments particuliers pour écrire ?

En général, j’écris les textes quand j’ai déjà presque fini d’enregistrer la musique et qu’il faut que je pose le chant dessus. C’est à ce moment-là que je le fais parce que je préfère être dos au mur pour écrire mes textes. Quand ça y est, c’est le moment, t’es obligé de le faire. A part ça j’ai pas vraiment de moment spécifique. J’ai la chance d’être dans un appartement où y a pas de voisin, je peux faire de la musique jusqu’à 3 heures du matin donc ça c’est super. J’aime bien aussi quand les choses me viennent en rêve, ça m’est arrivé plusieurs fois. Y a quelques morceaux de cet album-là qui sont tirés tout droit d’un rêve. Je sais pas ce que ça implique. Est-ce que du coup quand une chanson te vient en rêve y a quelque chose de spécial, est-ce que c’est différent ? Normalement t’es confronté à un contexte extérieur qui conditionne, alors que dans le rêve, t’es que dans ton esprit, et la chanson te vient comme ça… Est-ce qu’y a un truc spécifique ? Je ne sais pas. Mais du coup quand une chanson me venait comme ça je l’enregistrais. (…) Y a eu Life itgoes on qui m’est venue en rêve, c’était un truc dans les nuages, le paradis comme si on allait rencontrer Dieu… Et j’entendais ce truc comme une espèce d’appel « Life it goes, on life it goes on » (il chantonne) bon après la suite… Un pote que j’connais qu’arrivait avec « doyouwannaknowwhoyougonnalove » (du moins c’est ce qu’a donné le texte final)… et du coup j’ai gardé le tout et c’est resté la chanson. (…) Je crois que chaque chanson a son petit scénario d’arrivée au monde.

                   ·  Sur scène, tu es accompagné d’un masque blanc, qui est-il, quelle est son histoire ?

 © Alexia PETITJEAN

Je me pose moi-même la question, et je suis sûr qu’y a une réponse à ça. Que j’aimerais bien trouver. En fait, j’ai vraiment été "appelé" par ce truc là. J’ai senti qu’y a un truc qui s’exprimait, mais je pourrai pas dire précisément ce que c’est. C’est une présence, mais de qui ?Je sais pas. Je suis pas sûr que ça fasse le même effet au  le public qu’à moi. La première fois que je l’avais amené sur scène, y a un pote à moi qui m’a dit « Oh la la j’aurais pas aimé être à la place des gens au premier rang parce que vraiment il est flippant ». Chacun l’appréhende à sa manière. Lui, ça l’avait fait flipper. Pour d’autres gens, c'est une espèce de spectre, y a une présence de quelqu’un… Et il rentre en fusion avec cet instrument que j’ai inventé. C’est cool de savoir qu’on peut toujours inventer des choses aujourd’hui, tout n'a pas déjà été fait. C’est-à-dire de faire ce son-là que je fais avec la voix et qui permet de faire des solos instrumentaux sans que ça soit ni un solo de guitare ni un solo de piano ou de je sais pas quoi. Là c’est "le dauphin". Mais je sais pas qui il est. C’est vrai qu’il a son importance sur la scène. Je demande souvent aux gens ce que ça leur fait, pour avoir un indice, pour avoir une réponse. Quand j’ai vu ce masque dans un magasin à Florence, en Italie, y avait un vrai artisan spécialisé dans les masques. Je lui ai demandé de le découper en dessous du nez pour pouvoir chanter avec. Et je le voyais avec ce son-là quand je fermais les yeux, je sais pas pourquoi.
  
                            ·   Les jeux de lumière m’ont vraiment bluffé (lors du concert à la Flèche d’or), on entre dans un univers bien à toi, la scénographie est-elle importante pour toi ?

Quand je travaille avec un ingé lumière, sur chaque morceau je fais un détaillé. Je leur envoie un morceau et je lui dis qu’à telle seconde y a tel instrument qui rentre donc je leur fais un brief assez détaillé, assez minuté de mes intentions. Après je le laisse retranscrire mes intentions, à leur manière, et là ça fait un bout de temps que je travaille avec Kamel Bouchakour. Et j’suis content, parce que pas mal de gens me disent qu’il le fait bien. Moi  j’ai du mal à imaginer parce que quand t’es sur scène tu le vois pas. (…) Les lumières ça doit être vécu face à la scène. Mais il fait vraiment du bon boulot.

               ·       Quelles sont tes prochaines dates ?

Je donne un concert à l'occasion de la re-sortie de mon album avec deux morceaux inédits, le Mardi 8 Avril au Réservoir. Et un concert en acoustique à Binic en Bretagne, le 5 Avril.
           
          Merci beaucoup !

Bah je t’en prie ! 


Kabaret Warszawski @Théâtre National de Chaillot, le 13 Février 2014


Passé par La FabricA à Avignon, le spectacle de Krzyzstof Warlikowski :
Kabaret Warszawski (Cabaret Varsovie) envahit le Théâtre National de Chaillot.
Le spectacle est en deux parties durant respectivement deux heures.
Dans la première partie on rencontre quatre personnages dont Sally Bowles, chanteuse de cabaret ambitieuse,  prête à tout pour réussir sa carrière. Nous sommes en Allemagne, à Berlin au commencement des années 30. L’idéologie nazie commence à séduire les Allemands. Les personnages discutent de leurs identités respectives. La scène est recouverte d’un carrelage blanc, laissant imaginer toutes les possibilités.
La seconde partie se déroule aux Etats-Unis à New-York, quelques temps après les attentats du 11 Septembre 2001. Rythmée par l’album Kid A de Radiohead, cette seconde partie est un véritable exutoire. La libération se retrouve dans chacun des personnages. 
Warlikowski décide de mettre en scène son spectacle comme un show de cabaret. Il retrace toute la décadence d’une époque bouleversée par la montée des extrémismes notamment en Europe.
On assiste à plus qu’un spectacle de théâtre, plutôt à une véritable performance, où tout le long on s’interroge quand à l’avenir de l’amour de l’homme contemporain. Chacun des acteurs nous transporte dans son univers, ses doutes, ses peurs… Le spectacle est  inclassable.
Néanmoins on peut d’ores et déjà le caractériser : grinçant, puissant, provocant ! 

C'est sur le Menuet de Johann Sebastian Bach que le spectacle s'achève !

Comtesse de Ségur née Rostopchine @Théâtre Le Ranelagh, le 14 Février 2014


Il y a de ces livres qui ont été sur nos bibliothèques d’enfant que l’on a voulu transmettre à nos propres enfants. Prenons par exemple Les Malheurs de SophieUn bon petit diable, Les Petites Filles modèles, tous les trois écrits par la Comtesse de Ségur.
Mais au fond que connait-on d’elle ? Le  spectacle Comtesse de Ségur née Rostopchine de Joëlle Fossier mis en scène par Pascal Vitiello vous propose d’en savoir davantage sur cette auteure qui a bercé l’enfance de plusieurs générations.
Incarnée par l’ex-sociétaire de la Comédie Française ; Bérengère Dautun on apprend à connaître sa vie. Son enfance passée en Russie avec un père aimant et une marâtre des plus cruelles qui l’a inspiré pour son histoire Les Malheurs de Sophie, son départ à Paris, sa maternité et sa mort. Toute sa vie est transposée.
Seule en scène, Bérengère Dautun fait preuve d’une incroyable tendresse accompagnée de gestes des plus harmonieux. Un jeu de lumière de Jérémy Izad remarquable pour identifier tour à tour les personnages au travers d’une pièce que l’on pourrait caractériser de grenier où les souvenirs sont dans les tiroirs. On félicitera l’actrice pour son interprétation sensible et Pascal Vitiello pour sa mise en scène pour le moins respectueuse du personnage tout en jouant la carte de la sobriété. 



Jusqu'au 30 Mars 2014



Je souhaite remercier Mathieu Nenny.