Ah L'Avare. Durant ma scolarité je me souviens l'avoir étudié. Il nous fallait apprendre le fameux Acte I Scène 3, je lançais alors la tirade à mon camarade de classe "Hors d'ici tout à l'heure, et qu'on ne réplique pas." Premiers pas sur les planches - de l'estrade -. Je me souviens de l'adaptation de Louis de Funès étudiée en parallèle. Et si cette adaptation était plutôt bien réalisée, je n'ai pas pris le temps d'en voir d'autres. Il m'a donc fallu attendre le vendredi 1er Juin 2018 et parcourir la programmation de l'Odéon pour en voir une nouvelle. C'est donc l'adaptation signée Ludovic Lagarde qui m'a permise de redécouvrir le classique.
Harpagon est ici interprété par un Laurent Poitrenaux débordant d'énergie. Il en fait un avare survolté, tyrannique, qui terrorise son entourage et obsédé maladif par l'argent. Pendant un peu plus de deux heures, Poitreneaux nous fait tantôt rire tantôt grincer des dents. Ses proches subissent et le public finit par se faire prendre à partie lui-aussi. Les jeunes comédiens - Tom Politano, Myrtille Bordier, Alexandre Pallu, Louise Dupuis, Julien Storini et Marion Barché - qui l'entourent n'en sont pas moins talentueux.
L'adaptation est contemporaine; la scène se déroule dans un entrepôt où s'accumulent les cartons. On imagine alors facilement la rétention de biens d'exception.
Si le metteur en scène s'accorde à dire que le fond du texte est comique, sa lecture est nettement plus sombre, plus provocante et brillante. Lagarde prend soin de noircir la comédie en passant sous silence la scène de résolution des mariages. La scène finale devient un prolongement de la personnalité cruelle d'Harpagon.
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