Le Père @MC93, le 15 Septembre 2018


C'est dans une obscurité totale que sont accueillis les spectateurs. Grands ouverts ou fermés, les yeux ne perçoivent rien.
Un épais brouillard envahit la salle.

Après sa création fleuve 2 666Julien Gosselin revient au Festival d'Automne avec une adaptation du roman L'Homme Incertain de Stéphanie Chaillou. Dans un format nettement plus court et plus intime, il se recentre ici sur une performance de lecture brute en choisissant de confier le rôle titre à Laurent Sauvage.

Laurent Sauvage livre l'histoire d'un agriculteur qui a tout perdu. Les conséquences de la politique agricole commune (PAC) ont été particulièrement brutales. Crise de rage, crise de larmes d'un père à qui on a dit depuis l'enfance qu' "un homme doit savoir protéger sa famille". Mais quand tout bascule du jour au lendemain comment faire ? Comment raconter à ses enfants innocents qui posent des questions ? Est-ce qu'un homme peut planifier ses échecs ? Il ne cache pas ses émotions, se remet en question pour comprendre les raisons de son échec.

Sauvage incarne l'agriculteur avec fougue, on vibre avec lui. Les mots les plus simples dévorent les maux. Le Père est une pièce qui navigue entre les eaux troubles du doute, de la colère et de l'humiliation, le tout dans une scénographie obscure rappelant les ténèbres intérieurs dans lesquels Laurent Sauvage lutte pour retrouver la lumière. Guillaume Bachelé et Julien Feryn signent une création sonore singulière assourdissante tantôt brutale tantôt presque sacrée.

En toute fin, la lumière apparaît : la violence des néons sur une parcelle de gazon. 

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