Morphine @Théâtre de Belleville, le 17 Octobre 2021

 

Here I lie in my hospital bed

Tell me, Sister Morphine, when are you coming round again?

Oh, I don't think I can wait that long 

Oh, you see that I'm not that strong

Sister Morphine, The Rolling Stones, 1971

© Lionel Moogin

Morphine ou la descente aux enfers d'un jeune médecin de campagne. La metteuse en scène Mariana Lézin choisit de monter deux textes de l'auteur russe Mikhaïl Boulgakov parus respectivement en 1925 pour Carnets d'un jeune médecin et en 1927 pour Morphine. A prime abord un exercice complexe que d'adapter un journal intime au théâtre, c'est Adèle Chaniolleau qui se chargera avec brio de la dramaturgie en jouant sur l'alliance de l'humour très présent dans les textes et de la noirceur tout en en mettant plein la vue puisque nous sommes dans la sphère théâtrale. 

Tout fraîchement diplômé, Bomgard est un jeune médecin est envoyé dans un hôpital de campagne au fin fond de la Russie. Il y découvre des patients ravagés à qui on ne trouve nulle autre alternative que des opérations sanguinolentes. Et face à des conditions - matérielles, financières et sanitaires - fortement déplorables, le médecin se laisse à son tour attaquer par la morphine. Il en devient accro. 

Quand on arrive dans la salle, c'est le blanc clinique qui accueille le public. Un lit d'hôpital au centre. Très vite, les plus courageux des spectateurs se mettront au premier rang au risque de se prendre quelques saucées de fluides très présents pendant ce spectacle. Deux comédiens : Paul Tilmont et Brice Cousin. Libre à chacun de les voir comme deux personnages distincts. Pour notre part, nous les percevons comme les deux facettes du même médecin façon Dr Jekyll Mister Hyde.

On se retrouve dans un spectacle qui fonctionne - tel le produit - crescendo et c'est dans sa montée en puissance qu'il s'avère particulièrement efficace. Si les fluides colorés peuvent faire doucement sourire au début, c'est la noirceur finale qui nous pénètre. Brice Cousin nous livre une prestation proche du clown convaincante. De son côté, Paul Tilmont nous déstabilise par son jeu grinçant. Il n'est pas étonnant de trouver dans les influences de la jeune metteuse en scène les films Requiem for a dream et Trainspotting. On se souvient puissamment des délires des protagonistes, les regards et existences en perdition, ici transposés brillamment au plateau. 

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