Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski n'a pas fini de proposer des spectacles ambitieux. Présenté à la Cour d'honneur au dernier Festival d'Avignon, le voilà repris au théâtre national de la Colline à Paris.
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©Magda Hueckel |
Quatre heures, c'est le temps sur lequel il a déployé une véritable fresque biographique d'Elizabeth Costello, un personnage de fiction fascinant créée de toutes pièces par l'auteur sud-africain John Maxwell Coetzee. Trois interprètes pour une femme de caractère bien trempé. En témoigneront les différentes conférences universitaires qu'elle anime. Entre provocations et réflexions profondément existentielles, l'écrivaine n'a pas sa langue dans sa poche dès lors qu'elle va jusqu'à comparer l'abattage des animaux pour la consommation humaine à l'Holocauste.
Le spectacle fait des va-et-vient entre les époques et les différents niveaux de fiction au point de vouloir faire exister la protagoniste dans les têtes, brouillant quelque peu l'esprit du spectateur. Si la scénographie est toujours aussi monumentale et dynamique et les comédiens d'une grande justesse, offrant des images fortes, nous ne comprenons pas toujours le propos. S'il ne faut pas chercher à savoir qui était Elizabeth Costello, il serait intéressant de savoir ce qu'elle pense et ce qu'elle exprime car elle est experte dans l'art de se dérober dès lors que lui est posé une question. Ce n'est pas parce que cet avis est nuancé qu'il faut s'arrêter de suivre l'oeuvre de Warlikowski. Les moments d'égarement réservent de futures belles surprises.