Ce n'était pas prévu mais nous avons fait un passage furtif au Festival d'Avignon, du moins au OFF, beaucoup trop tard pour le In.
Tout commence dans l'obscurité. Le piano à queue, son pianiste porte un ciré, Léo Nivot est caché et elle, Mélissa Merlo, nous happe dès les premières tirades dans la lumière.
Elle nous parle avec tout son cœur. Elle fait partie de ceux que décrit Serjio Pidro dans L'âme à l'envers qui "(...) respirent de la poitrine jamais des poumons (...)". Elle s'inscrit dans la famille de ceux qui "sentent". Elle incarne Solee dans La Faille du belge Serge Kribus, une adolescente dans un monde qui disparait. La Terre se désagrège. Ca commence chez elle, à Matagmi, au Canada. Chacun lutte pour sa survie. Dans un monde toujours plus individualiste, Solee souffre d' "animalie" qui la contraint à l'isolement. Animalie ? Une hypersensibilité exacerbée qui pourrait lui valoir une place en centre de rééducation. Un jour, elle brave les interdits et quitte sa mère. Elle affronte le dehors. C'est dans cette folle aventure qu'elle fera la rencontre d'Olu. Tout au long de son périple, elle échangera avec sa mère sous la forme d'une correspondance mentale. La comédienne sera tour à tour l'adolescente et sa mère.
Dans une économie de décor, le duo nous offre la beauté des émotions crachées, qui viennent des profondeurs du cœur. Quand on connait la musique de Léo Nivot - le garçon officie dans le duo Nous Etions Une Armée -, on retrouve toute son authenticité. Les convictions autant que les angoisses résonnent, les espoirs chantent un monde meilleur et les comédiens sonnent vrais. Comme s'ils n'étaient plus sur un plateau à déclamer leur texte, chacun joue sa partition. Ils portent la sincérité comme on porterait une veste légère par saison chaude, sans embarras. Le metteur en scène Paul Pascot s'est offert un duo de comédiens brillants et séduit son public avec brio.
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