Mis dans la confidence de ce spectacle dès l'été 2022, nous attendions non sans impatience de découvrir ce qu'un de nos metteurs en scène contemporains préférés allait pouvoir en faire. Plusieurs œuvres c'était évident, ne restait plus qu'à savoir lesquelles. Et ainsi l'an 2025 vit naître la fresque Musée Duras. Equipés du précieux bracelet vert flashy, nous voilà prêts pour une immersion magnifique de 10 heures ! La surprise est simple : il s'est entouré d'une partie des élèves - plus d'une dizaine - du Conservatoire de Paris.
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| © Simon Gosselin |
Fidèle à lui-même, Julien Gosselin adore jouer avec son public. Le déstabiliser pour mieux le séduire, le titiller pour mieux l'épater deviennent ses pratiques courantes. Cette fois-ci, plutôt que donner le nom des œuvres par ordre d'apparition sur le programme de salle - qui, depuis sa prise de fonction de directeur à l'Odéon, désormais prend la forme d'un journal grand format -, se succèderont ainsi pas moins de 11 "Sans titre" avec le nom des interprètes. Le metteur en scène ne livre pas les œuvres in extenso - ça durerait clairement bien plus longtemps que 10 heures - mais leur substantifique moelle pour un résultat époustouflant.
Vidés de leurs gradins, les Ateliers Berthier deviennent une véritable salle d'exposition modulable. Pour peu que vous ayez la bougeotte - et sur 10 heures, c'est plus que probable - vous pourrez changer de place. Si vous êtes courageux, vous commencerez allongés à même le sol dans le noir pour mieux vous retrouver debout sur ce qui fait office de plateau dévêtu.
Comme dans un musée, les œuvres sont diverses, autonomes. Nous ne reviendrons pas sur le spectacle pièce par pièce, l'exercice serait fastidieux - et peut-être un peu ennuyeux disons -. Rendons compte de la beauté générale de ce spectacle. Gosselin montre la belle facette de son esprit de synthèse qui a le don de provoquer l'envie de se (re)plonger dans les textes d'une autrice légendaire. On se réjouit que ses comparses Maxence Vandevelde et Guillaume Bachelé soient fidèles au poste pour habiller musicalement le spectacle avec leur électro puissamment poussée par l'inégalable Julien Feryn. Si on avait été surpris par l'usage du vocoder lors de sa précédente création, on est cette fois-ci embarqués sans même avoir pris le temps de l'étonnement.
Un spectacle de Julien Gosselin sans images tournées en direct n'est pas un vrai Gosselin. Pour ce faire, les élèves ont été étroitement accompagnés par un autre fidèle de la compagnie : Pierre Martin Oriol. Tous jouent une partition intense et saisissante qu'ils soient en solo, en trio ou en duo. Tous sont vraisemblablement inspirés de leurs aînés issus de la troupe du metteur en scène - le comédien Denis Eyriey fera d'ailleurs une apparition -. La jeune génération est décidément bourrée de talents.
En quelques mots c'est bouleversant, monumental, vivifiant, enivrant et follement contemporain.
Bravo maestro !

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