Le Pays lointain @Théâtre de l'Odéon, le 26 Mars 2019


© Jean Louis Fernandez
"Je t'écris d'un pays pas ordinaire, où les gens ne se font plus la guerre. Je t'écris d'un pays tout petit petit. Je t'écris d'un coin de ma folie."chantaient Les Visiteurs du Soir en 1985. Quelques années - dix plus exactement - se sont écoulées, Jean-Luc Lagarce signait son ultime pièce autobiographique qui s'intitulera Le Pays lointain. Son héros, Louis - interprété ici par Loïc Corbery - revient parmi les siens avec le sombre projet de leur annoncer sa mort imminente. Louis convoque tour à tour ses amants, sa famille. Passé et présent ne font plus qu'un. Il rejoue les moments-clés de sa vie sur un parking. 


Et sur ce même parking s'entremêlent la peur, le désir, la colère, ou encore l'amour. Le jeune metteur en scène, sociétaire de la Comédie Française Clément Hervieu-Léger s'est entouré d'un casting de toute beauté : Loïc Corbery, Audrey Bonnet, Nada StancarAymeline Alix, Louis Berthélemy, Clémence Boué, Vincent Dissez, François Nambot, Guillaume Ravoire, Daniel San Pedro et Stanley Weber. Tous les onze portent avec puissance les mots de Lagarce. Tous nous envoûtent avec une certaine fragilité particulièrement émouvante, nous transportent dans ce "pays" - malgré quelques longueurs -. Un pays où l'on aime se souvenir, où l'on s'aime à tous les temps. Ne seraient-ce pas là les effets du désir qui, comme l'a écrit Anne Dufourmantelle, "nous arrivent au futur antérieur." ? Toute l'intensité dramatique contenue dans le texte de Lagarce résonne et vibre en chacun de nous.

L'entracte est lui-même un petit spectacle où les comédiens se laissent tenter par quelques pas de danse notamment sur le tube Take on me des norvégiens a-ha. Symptomatique d'une complicité, voire même, d'une certaine fraternité tissée entre les comédiens. La troupe c'est la famille choisie. 

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