Illusions perdues @Théâtre de la Bastille, le 13 Septembre 2021

 

© Simon Gosselin

Présentée la saison dernière pour une seule et unique représentation - pour cause de crise sanitaire -, Pauline Bayle et sa troupe ont pu retrouver les planches de la grande salle du théâtre de la Bastille. 

L'oeuvre de Balzac au théâtre. Exercice complexe tant l'oeuvre invoque de nombreux personnages - bien qu'on pourrait en dire autant du travail d'un certain russe dénommé Dostoïevski -, tant l'intrigue est dense. Pauline Bayle habituée à l'exercice, y est parvenue en faisant intervenir seulement 5 comédiens : trois actrices, deux acteurs. Tout en faisant le choix de se concentrer sur Un grand homme de province à Paris; la montée en puissance du héros Lucien de Rubempré (né Chardon) jusqu'à sa chute fatale. 

Plateau quadri-frontal, très vite il fera office d'arène, de ring sur lequel est parsemé de la craie. Les comédiens sont présents dans le public. Le spectacle s'ouvre sur les premiers pas de Lucien de Rubempré - ici joué par l'admirable Jenna Thiam - lors d'une lecture public à Angoulême. On assiste à son arrivée parisienne aux côtés de sa protectrice Madame de Bargeton - Hélène Chevallier -.

Bien qu'il y ait peu de costumes et une totale absence d'éléments de décor, l'imaginaire de l'univers balzacien est parfaitement recréé. Tour à tour, les comédiens changent de personnage et à chaque fois, les spectateurs s'y retrouvent. Seule Jenna Thiam ne porte sur ses épaules Lucien, en le faisant passer de l'innocence à la cruauté sans afficher de complexité. Dans un rythme particulièrement soutenu, les cinq comédiens - Charlotte Van Bervesselès, Hélène Chevallier, Guillaume Compiano, Alex Fondja, Jenna ThiamViktoria Kozlova en alternance avec Pauline Bayle - nous entraînent dans la fresque balzacienne avec fougue. Les répliques fusent, les corps s'animent. On fera une mention particulière à la scène d'adoubement - le sacre serait-on tentés de dire - de Lucien qui se transforme en une espèce de danse tribale de toute beauté à en faire frémir le public. Les talons claquent sur le bois des planches où la craie remuée se transforme en fine brume. 




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