© Nicolas Joubard |
Prolifique garçon que Thomas Jolly ! Les Amandiers de Nanterre ont hébergé pendant un peu moins de deux semaines son Dragon, créée dans son ancienne maison angevine Le Quai. Le jeune metteur en scène s'est attaqué à la fable noire du dramaturge russe Evgueni Schwartz.
Le Dragon à prime abord, ça évoque cet animal qui crache du feu, qui terrorise le peuple. Et c'est bien ce dernier élément qu'il faut retenir. L'animal à la rigueur c'est secondaire - l'homme n'est-il pas un animal doué de raison ? -. Celui de Schwartz a trois têtes, il terrorise une ville depuis des siècles. La population lui vouerait presque un culte comme un peuple en dictature se soumettrait à tous les caprices de son chef suprême... Oh. On tient quelque chose... A l'époque, comme aujourd'hui, la question de la servitude volontaire se pose...
Dans une ambiance en noir et blanc qui rappelle autant le cinéma expressionniste allemand que la série originale La famille Addams, Thomas Jolly embarque ses plus fidèles compagnons dans un conte aussi drôle qu'effrayant. Agrémenté de quelques éléments d'actualités bien sentis totalement improvisés, le texte résonne encore plus fortement.
Toute en flamboyance dans un bain de sons tonitruants - conçus par le fidèle Clément Mirguet -, la troupe de Jolly est résolument généreuse dans son jeu. Si Damien Avice campe un brave Lancelot, on retiendra le sommet de drôleries interprété par le savoureux duo Bruno Bayeux / Damien Gabriac - respectivement le bourgmestre et son fils -. La grosse dizaine d'acteurs se donnent à coeur joie pour le plus grand bonheur d'un public conquis en ce soir de dernière - à l'exception de deux individus, visiblement passé à côté du propos final -.
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