Une pièce sous influence @Monfort Théâtre, le 25 Mars 2023

On ne peut malheureusement pas toujours tout voir... Le collectif normand La Cohue a procédé à la création d'Anna-Fatima et d'Orphelins depuis notre dernière rencontre autour du puissant Oussama, ce héros. On le retrouve, à nouveau au Monfort, autour d'Une pièce sous influence

© Virginie Meigne

Des confettis en masse jonchent le plateau de la grande scène, en retrait, côté cour un piano. Les deux personnages principaux Anna et Mathias débarquent, joviaux et probablement un peu ivres, par le côté jardin hors plateau. Ils reviennent du carnaval. Mathias est déguisé en chevalier et Anna, en princesse, une hache dans le crâne. Leurs discussions n'ont pas toujours de sens, les idées fusent dans tous les sens et Mathias rebondit sur chacune d'entre elles. Jusqu'à ce qu'Anna lui explique qu'elle a invité les nouveaux propriétaires de leur maison à prendre un dernier verre. Les deux couples se retrouvent et ça déraille. Pour mieux signifier cette montée en tension, un batteur - Nicolas Tritschler - rythme les échanges, les mouvements. 

© Virginie Meigne
Alors, oui, au fond, il y a la question du deuil. Il y a aussi celle de ce qu'on pense être la norme et ce qu'on prend pour de la folie. Le tout se mélange sans ménagement dans la confrontation improbable des deux couples qui n'est pas loin de  faire penser à celle des Démons du suédois Lars Norén, avec cette même montée en puissance, quitte à virer à l'explosion permanente. 

Sophie Lebrun - qui cosigne la mise en scène -  donne à Anna toute sa sensibilité, sa fragilité qui fait d'elle une marginale tout en étant bien intégrée, Martin Legros - second auteur et metteur en scène - confère à Mathias l'esprit rationnel, pondéré au bord de l'épuisement qui bascule. Le jeune couple de propriétaires incarné par Baptiste Legros et Inès Camesella ne passe absolument pas au second plan, c'est justement leur apparence de couple ordinaire partagé entre l'arrogance et la béni oui-oui qui fait encore plus grincer des dents, une apparente naïveté qu'on voudrait bousculer, chahuter. 

Ravissement que de retrouver le collectif dans une création aussi intense qu'Une pièce sous influence. Un huis clos aussi grinçant que fort. Il vous happe par sa montée en tension. Passer du rire à la pitié sans avoir été préparés s'avère étrangement savoureux. 


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