Dissection d'une chute de neige @Théâtre Nanterre-Amandiers, le 11 Janvier 2024

Il y a eu le Roi par effraction que signait François Garde en 2019. Mais que penser du monarque par défaut de fabrication ? C'est comme ça que l'on pourrait concevoir le personnage de Christine, reine de Suède qui a inspiré la pièce de Sara Stridsberg au titre pour le moins poétique : Dissection d'une chute de neige. L'actuel directeur du théâtre des Amandiers, Christophe Rauck s'en était emparé pour la présenter à sa création au Théâtre du Nord en 2021 mais la pandémie l'a brutalement stoppé dans sa lancée. 


Comme dans une boule à neige au format rectangulaire, Christine de Suède - Marie-Sophie Ferdane - est prise au piège d'un pouvoir, d'un rôle dont elle ne veut pas. Sa réalité est dans la boîte. Le monde du dehors n'est qu'agitation. La fragilité de la figure souveraine nommée la Fille Roi interpelle pour son anticonformisme : féministe, cultivée et pour le moins qu'on puisse dire, indépendante elle n'avait rien de la figure de pouvoir autoritaire. Le conte contemporain de Sara Stridsberg raconte la philosophie du pouvoir autrement, la trajectoire d'une tyran malheureuse, fragile mais brutale et dure, les questionnements existentiels d'une âme bien tourmentée, un destin tout tracé mais en passe d'être rompu. 

Le monde du dehors qui survit entre les cendres compte Belle - portée ici par Ludmilla Makowski -, sa douce amante perdue, le Roi Mort - Thierry Bosc - tel la figure du père d'Hamlet qui revient d'entre les morts avec l'humour en prime, le Pouvoir - Christophe Grégoire - l'autorité intransigeante, sans aucune once d'amour paternel, le Philosophe - Habib Dembélé - le Descartes valeureux complice lié d'une amitié sans faille, Maria Eleonora - Murielle Colvez - la figure maternelle déserteuse, fuyante (on vous laissera choisir ce qu'il vous semblera plus judicieux) et enfin, Love - Emmanuel Noblet -, l'amoureux obstiné mais rejeté, désintéressé du pouvoir. 

Si à certains moments le rythme se ralentit, toute la délicatesse combinée à la justesse du jeu de Marie-Sophie Ferdane parvient à nous convaincre. On se laisse avant tout séduire par l'esthétique de la scénographie plastique conçue par Alain Lagarde


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