© Christophe Raynaud de Lage |
L'espace scénique est quadrillé. Les corps occupent l'espace de façon très géométrique. C'est physique, et contraignant, c'est Inconditionnelles de Kae Tempest mis en scène par Dorothée Munyanez.
Tout tourne autour de Chess - incarnée par Grace Seri - purge une longue peine pour homicide et Serena - portée par Bwanga Pilipili - s'apprête à sortir, elle a obtenu sa libération conditionnelle. Le problème : elles se sont attachées l'une à l'autre. La première se réfugie dans le chant en étant accompagnée par la tendre professeur Silver - Sondos Belhassen -, la seconde gère de son mieux sa vie en dehors des murs. Face à face, côte à côte puis brutalement de l'autre côté du mur.
La langue de Kae Tempest est connue pour être franche, sans détour. Grace Seri rayonne. Elle parvient à porter toute la fragilité de son personnage, son mal être. Sur les murs, sur les pavés, à toute heure du jour et de la nuit, Chess griffonne des textes. Partagée entre colère et tristesse, elle est désemparée. Son ancienne codétenue ne sait plus comment faire, comment s'y prendre avec elle. Maintenant qu'elle est dehors, rien ne lui semble simple. Comme si la vie dedans lui rendait finalement service.
Se libérer physiquement et psychiquement ne sont pas incompatibles mais peuvent être entretenus dans deux corps. Une vie comme en symétrie. La géométrie de l'espace toujours là. Sans pour autant que Chess ne soit lié à la notion du jeu d'échecs, ses déplacements sont tour à tour celui d'un pion malléable, de folle ou encore de reine. Seule Silver pourrait faire office de cavalière. Et la tour serait la brute de gardienne - discrète Davide-Christelle Sanve -.
Si la première partie est faite de quelques faiblesses, le jeu gagne en puissance dans la seconde. Les actrices se révèlent plus confiantes et peu à peu, elles s'impliquent plus intensément. Le décor unique des Bouffes du Nord gagnerait à être davantage exploité physiquement.
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