Parler de la performance Skinless me semblait important. Bien que j'aie peu de recul sur le travail de Théo Mercier, je tenais à partager mon billet "critique".
© Erwan Fichou |
La Grande Halle de la Villette est peuplée de détritus, un "eden inversé" qualifie le plasticien. Pas n'importe lesquels. Des canettes et des amas de cartons positionnés de telle sorte qu'on croirait voir un ring. Théo Mercier explique qu'il a récupéré plusieurs dizaines de tonnes de déchets compactés. On vous laisse imaginer ce que ça peut représenter dans l'espace. Ajoutez à cela des moucherons qui ont trouvé refuge et les odeurs terribles qui en sortent. Qu'on se le dise, heureusement que le spectacle dure une cinquantaine de minutes. Ces éléments scénographiques mis de côté, place à la poésie du contenu.
"Traiter la question du déchet et du reste amoureux, créer une sorte de parallèle entre ces objets abandonnés. Je les qualifie de peaux mortes du désir, c'est des résidus de choses qu'on a voulu très fort et qu'on veut voir aujourd'hui disparaître" explique Théo Mercier Et si on se fie à cette explication, ce qui se déroule sous nos yeux devient une séquence de l'amour naissant sous les yeux d'une divinité nouvelle. Un Shiva qui observe ce mécanisme en légère surélévation. Pas même à la hauteur des spectateurs, simples mortels. Attirance, rejet, découverte, appréciation, évolution, tentative de reproduction : tout y passe. Et se dégage une forme de sensualité. Les corps totalement "latexés" s'imprègnent des émotions brutes sans un mot. Seuls les corps en mouvement s'expriment en se perdant, se rattrapant. Et nous, on sort conquis.
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