Sans faire de bruit ou le délicat théâtre documentaire de l'intime. Sur le plateau de la petite salle du Théâtre Paris-Villette, un fauteuil et un abat-jour quelque peu rétro font face aux spectateurs. En s'avançant sur l'espace scénique, Louve Reiniche-Larroche dispose un matériel d'enregistrement - micro / magnéto - et pousse un fauteuil roulant inoccupé. Alors que la voix d'un homme d'un certain âge se fait entendre, la comédienne prend place sur ce fauteuil roulant et mime, donne corps à son aîné jusque dans les plus précises mimiques labiales.
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© Fred Mauviel |
La comédienne incarnera avec la même précision cinq rôles. Cinq personnes de sa propre famille ; son grand-père, sa grand-mère, sa belle-soeur, son frère et sa nièce - encore enfant -. Tour à tour, ils se présentent puis témoignent pour elle de leur vision de ce qu'ils ont fini par appeler "l'accident". Le triste jour où tout a basculé pour sa mère : Brigitte. Décrite comme une femme courageuse, qui s'efface pour les autres et profondément bonne. La psychologue de métier a perdu l'audition brutalement. Celle qui a passé sa vie à écouter les autres, n'entend plus. Une tragédie réelle bien ironique.
Le travail proposé par Tal Reueveny et Louve Reiniche-Larroche est particulièrement touchant. Si l'on pouvait facilement tomber dans le pathos, le duo fait le pari d'un spectacle sensible. La scénographie minimaliste en devient presque onirique, elle se voit amplifiée par un formidable travail sur le son. La force de Sans faire de bruit réside dans l'incroyable maîtrise du mime de Louve Reiniche-Larroche. Spectacle lauréat du prix du jury du Festival Impatience 2024, Sans faire de bruit se doit de faire très justement grand bruit.
A découvrir en parallèle :
Le podcast Sans faire de bruit
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