Comment parler de la performance Petites joueuses ? Conçue par le danseur François Chaignaud - découvert il y a quelques temps avec le superbe Gold shower aux côtés d'Akaji Maro dans ce même cadre que le Festival d'Automne -, Petites joueuses nous invite dans les profondeurs du Louvre. Selon l'heure à laquelle vous vous y rendez, vous avez la possibilité de découvrir l'exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux romantiques avant ou après la représentation. Le fait d'y aller avant nous a permis d'inscrire la performance dans le prolongement l'exposition. Et rien que pour ça, c'est beau.
Retardataire chronique(s)
« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. » Ellen Parr
Petites joueuses @Musée du Louvre, le 07 Novembre 2024
Comment parler de la performance Petites joueuses ? Conçue par le danseur François Chaignaud - découvert il y a quelques temps avec le superbe Gold shower aux côtés d'Akaji Maro dans ce même cadre que le Festival d'Automne -, Petites joueuses nous invite dans les profondeurs du Louvre. Selon l'heure à laquelle vous vous y rendez, vous avez la possibilité de découvrir l'exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux romantiques avant ou après la représentation. Le fait d'y aller avant nous a permis d'inscrire la performance dans le prolongement l'exposition. Et rien que pour ça, c'est beau.
Lieux Communs @Théâtre Public de Montreuil, le 24 Septembre 2024
Avant de poser ses bagages à Montreuil, Lieux Communs de Baptiste Amman est passé par la case Avignon. La pièce pouvait être un roman tant elle mélange les genres. Thriller et poésie se côtoient, philosophie et par extension politique se mêlent - sur fond de sujets bien ancrés dans l'actualité que sont les féminicides, l'immigration, l'extrême droite, la radicalité ou encore la liberté d'expression.
© Christophe Raynaud de Lage |
Un point de départ : une femme retrouvée morte - fille d'un homme politique d'extrême droite - par défénestration. Suicide ou meurtre ? La pièce ne met pas en scène l'enquête mais les répercussions sur différents protagonistes : une metteuse en scène qui adapte les textes du coupable, les médias, le frère de la victime, la soeur du présumé coupable, un flic... On revient sur les origines de la violence évidemment mais on navigue dans tous les points de vue, tous parfaitement audibles. Véritable reflet de la complexité singulière dont se pare chaque "histoire #Metoo".
Le jeu des huit comédiens est pour le moins convaincant, l'énergie collective est belle, le réalisme est saisissant. Toutefois, le propos laisse peu de place au mystère, les croisements ne fonctionnent pas toujours - on note un tableau en particulier où l'espace scénique est scindé en deux et les répliques se répondent sans véritable sens au risque de perdre les spectateurs -.
Maistre Pierre Pathelin @Théâtre des Loges, le 23 Juin 2024
Comme toute farce qui se respecte, elle met en scène un naïf - ici un drapier interprété par Benoit Gauthier - qui se fait avoir par son entourage - un couple composé de l'avocat Maistre Pierre Pathelin (Paul Lemonnier) et de sa femme complice Guillemette (Soledad Lida) -.
Si le lieu est déjà magnifique, l'espace scénique l'est tout autant : une charrette à foin branlante mais suffisamment stable pour faire tenir les comédiens qui dans leurs costumes rappellent les tréteaux sur lesquels les acteurs jouaient les premières farces - voyez l'exemple de ce qui se passe dans l'inoubliable Molière d'Ariane Mnouchkine -. La Troupe du Théâtre des Loges sous la direction de son metteur en scène Michel Mourtérot nous livre un spectacle familial de grande qualité. On pourrait se croire dans un tableau de Gustave Courbet : les costumes, les lumières, tout est particulièrement réussi.
Les cinq comédiens nous transmettent avec fougue une farce dans ce qu'elle a de plus cruellement drôle autant dans sa forme - le dialecte d'Île-de-France mâtiné de particularismes angevins impeccablement interprété en vers octosyllabiques - que dans son fond. Les grimaces, le jeu, l'art théâtral est maîtrisé de bout en bout. Reprise prévue à l'automne, nous ne pouvons que vous recommander chaudement de vous y presser.
Un faux pas dans la vie d'Emma Picard @Essaïon Théâtre, le 27 Mai 2024
C'est la comédienne Marie Moriette qui prendra les traits d'Emma Picard. Elle livre un jeu particulièrement poignant où elle dialogue avec un lit d'enfant. Elle nous narre la misère qu'elle traverse. Les tempêtes, les disparitions, les invasions de sauterelles, les visites de fonctionnaires véreux... Tout y passe. Un faux pas dans la vie d'Emma Picard est le récit d'une femme qui s'est battue courageusement tout au long de sa vie. Aussi fictive que soit la personnage, l'histoire est saisissante.
Marie Moriette déploie une palette d'émotions intenses dans une mise en scène pensée en duo avec Emmanuel Hérault qui frappe par sa sobriété. La musique quasi absente pour mieux saisir la solitude traversée. Le seul son sera le cri du cœur d'une femme désespérée.
Les carnets du sous-sol @Essaïon Théâtre, le 13 Mai 2024
© Clément Soyer |
La première partie du roman Les carnets du sous-sol de Dostoïevski résonne dans la caverne voûtée de l'Essaïon. Un lieu particulièrement adapté pour capturer un espace mental indéfini. C'est ici et en nous tournant le dos nous accueille le comédien et metteur en scène Christophe Laparra. Le voilà qui nous adresse ce texte particulièrement exigeant de l'écrivain russe. Les questionnements sont nombreux et s'envolent dans des contrées philosophiques, poétiques ou encore politiques. L'enfermement comme unique moyen de contenir sa folie à destination de messieurs fruits de l'imaginaire débordant du personnage.
Christophe Laparra incarne ce personnage avec la plus grande justesse. Il offre une présence totale et captivante. On se souvient de la lecture de certains extraits par Patrice Chéreau dans les murs du théâtre de l'Odéon en 2002 mais ici, c'est une question d'appropriation du texte, de faire corps avec lui. Et Christophe Laparra y parvient grâce à une scénographie on ne peut plus de circonstance. Xavier Bernard-Jaoul qui signe la création lumière joue des clairs obscurs. La lumière devient métaphore de la pensée. A mesure qu'elle brille, le personnage avance dans sa réflexion jusqu'à la lucidité.
Puisque tu pars @Essaïon Théâtre, le 28 Mars 2024
© Jacky Mercien |
Il faudra que tu m'aimes le jour où j'aimerai pour la première fois sans toi @Théâtre Paris Villette, le 21 Mars 2024
Si on devait faire une compétition avec les spectacles au titre le plus long, Il faudra que tu m'aimes le jour où j'aimerai pour la première fois sans toi est en bonne position aux côtés de La très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté. Au-delà de la plaisanterie, ils ont se sont trouvés un autre point commun.
© Guillaume Castelot |
Dans cette pièce jeune public voire adulescent, Alexandra Cismondi s'est intéressée à l'adolescence et ses bouleversements dans une époque chahutée - pas si éloignée de la nôtre finalement -. Lo - interprétée par Lou Chauvain - s'apprête à prendre une année de plus mais ce soir-là, toute la famille - Christophe Paou, Anne-Elodie Sorlin, Alexandra Cismondi - retient son souffle.
Parentalité, deuil, terrorisme, premier amour, militantisme, nouvelles technologies, tous ces sujets sont présents dans cette pièce. En peu de temps, elle a réussi à tous les positionner. A l'image d'un adolescent, c'est intense, profond et peut-être parfois un peu maladroit. Tout se passe très vite. Le public n'est pas un simple public de spectateurs, certains d'entre nous sont des personnages.
Qui nous aurait prévenu ? Pour la déflagration de l'entrée dans la vie d'adulte, qui mieux que soi-même peut l'appréhender ? C'est un spectacle à l'image du public visé, ça se vit très fort. C'est aussi audacieux, poétique que tragique. Les quatre comédiens principaux passent dans toutes les émotions, certains se glissent dans plus d'un rôle à la fois. Un spectacle en montagnes russes comme on les aime, qui nous rappellent que nous sommes vivants et peut-être profondément humains.