Les spectateurs sont plongés dans un luxueux salon oriental : au centre un canapé doré, table basse assortie et deux fauteuils aux deux extrémités du canapé. La Mama ne tarde pas à se montrer.
Toute la pièce du metteur en scène égyptien Ahmed El Attar va reposer sur un ensemble de scénettes de la vie quotidienne d'une famille bourgeoise cairote sous l'emprise de la grande figure maternelle. Cette dernière est ici campée par Menha El Batraoui. El Attar se fait observateur des rapports familiaux qu'entretiennent les femmes et leurs maris, leurs pères, leurs fils et le tableau est pensé comme un véritable miroir. Et le miroir est loin d'être déformant.
La Mama est dure avec toutes les femmes de son entourage. La première à subir ses caprices n'est nul autre que sa domestique qui se doit de la servir quand Madame l'exige, sa belle-fille qui ne manquera pas de marcher dans ses pas inconsciemment, son amie qui grippée, a osé faire appel à une autre qu'elle - la Mama ira jusqu'à lui tourner le dos tant qu'elle ne se sera pas excusée -, sa petite-fille qui n'est pas assez féminine (et rebelle en herbe sur fond de Metallica)... Toutes subissent mais aucune ne se rebelle franchement.
Puis, il y a les hommes. Ceux face à qui elles capitulent. Ils portent en eux le dernier mot. L'homme de la famille devient la menace suprême. On relèvera notamment la scène où face à son manque d'autorité sur sa fille, la belle-fille fait appel à son mari qui lui-même cherche la solution auprès de son propre père.
A peine caricatural, Mama est un spectacle qui laisse espérer au metteur en scène une amélioration des conditions de vie des femmes de son pays bousculé par les Printemps arabes de 2012. Cet espoir se manifeste notamment lors de deux interventions chantées - I believe I can fly interprété en arabe par Heba Rifaat devenant l'hymne de la libération -.
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