© Jean-Louis Fernandez |
Ainsi Christophe Honoré convoquait ses idoles de toujours sur les planches de l'Odéon...
Ses idoles ce sont aussi celles de bon nombre d'âmes qui ont grandi avec elles. Ces idoles disparaissaient au début des années 1990, emportées par la maladie qui sévit encore aujourd'hui : le SIDA.
Ils répondaient au nom de Bernard-Marie Koltès, de Jacques Demy, de Jean-Luc Lagarce, d'Hervé Guibert, de Serge Daney ou encore de Cyril Collard.
When the music's over des Doors ouvre le spectacle. Les corps de Youssouf Abi-Ayad, d'Harrison Arévalo, de Jean-Charles Clichet, de Julien Honoré, de Marina Foïs et de Marlène Saldana s'animent. Les comédiens battent des ailes tels des anges qui se posent sur le plateau. Et Honoré les fait se retrouver trente ans après. Entre les sessions de drague, les discussions vives et les rires, ce sont aussi des monologues qui reviennent sur leurs rapports à la maladie. Chacun d'entre eux l'ayant vécu différemment et dans leurs processus créatifs chacun l'a exploité à sa manière ; Demy l'avait gardé pour lui - jusqu'à sa révélation en 2008 par Agnès Varda -, Collard l'a exposé dans ses Nuits fauves, Koltès n'a jamais laissé la maladie transparaître dans son oeuvre, Guibert le révèle sur le tard, Lagarce ne le cachait pas mais ne voulait pas en faire un sujet à part entière dans son travail et Daney luttera contre la banalisation de la maladie.
Dans ce vibrant hommage, Marina Foïs touche par son jeu particulièrement rigoureux, émeut au plus haut point lorsqu'elle évoque la disparition progressive de Michel Foucault, Harrison Arévalo campe un Cyril Collard chaleureux, séducteur, rieur, Marlène Saldana nous embarque dans une ambiance digne de celle d'un cabaret en un claquement de doigt, Youssouf Abi-Ayad livre un Koltès sauvage, ténébreux, Jean-Charles Clichet interprète un Serge Daney au plus juste et le frère du metteur en scène Julien Honoré - blessé ce soir-là - est comme un maître de maison qui recevrait ses invités dans la bonne humeur.
Les Idoles sont bien vivants. On ne s’apitoie pas, on rit, on est touchés. Deux heures et demi plus tard, on aurait encore envie de les entendre, de prendre part à la discussion, de les serrer dans nos bras, de danser et célébrer la vie, l'amour avec eux.
Si l'époque ne nous est pas si lointaine, le chemin à parcourir pour en finir avec la maladie et lutter contre l'homophobie est, pour sa part, malheureusement encore long.
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