Un ennemi du peuple @Théâtre de l'Odéon, le 04 Juin 2019



© Jean-Louis Fernandez

Jean-François Sivadier n'en est pas à son premier coup de maître dans la grande salle du Théâtre de l'Odéon. Pas plus tard qu'en 2016, le metteur en scène y proposait déjà une adaptation survoltée de Dom Juan. En 2019, les planches vibrent à nouveau à l'idée d'y retrouver le trio  Nicolas Bouchaud - Vincent Guédon - Stephen Butel auquel se sont joints Sharif Andoura, Cyril Bothorel, Cyprien Colombo,  Jeanne Lepers et Agnès Sourdillon

Le préfet Peter Stockmann - interprété par Vincent Guédon - assure la gestion d'un établissement de bains qui fait la richesse de sa ville. Son frère Tomas - Nicolas Bouchaud - y officie en qualité de médecin. Il s'assure du bien-être des baigneurs. Une affaire familiale qui roule bien en somme. Jusqu'au jour où... Tout bascule. Après avoir obtenu les résultats d'un laboratoire, Tomas découvre que les eaux sont contaminées. Scandale suprême. Il espère en faire un écho dans la presse - Le Messager du peuple -. Les journalistes perçus comme les plus progressistes le soutiennent dans la démarche. Ce n'était pas sans compter sur une pression exercée par le préfet qui accuse son frère de vouloir ruiner le peuple. Le voilà fiché comme un ennemi du peuple. 

A l'heure des fake news, des lanceurs d'alerte, la pièce d'Ibsen prend un nouveau souffle. Dans l'imposant décor conçu par Christian Tirole et les ateliers de la MC2: Grenoble où l'eau est omniprésente - par le biais de rideaux translucides et fontaines qui recréent une station thermale -, Bouchaud s'agite, s'indigne et vocifère. Le public est pris à parti, s'en prend plein la gueule - jusqu'à recevoir les résidus des bombes à eau - et en redemande presque. Le comédien fétiche de Sivadier est plus que jamais charismatique dans sa diatribe contre la société. Autour de lui, la troupe suit le rythme effréné en offrant un jeu généreux. 

Un ennemi du peuple à la sauce Sivadier s'avère être une création brillante et virulente dont les allusions politiques et philosophiques contemporaines sonnent terriblement juste. 


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