Le ciel de Nantes @Théâtre de l'Odéon, le 16 mars 2022

 
© Jean-Louis Fernandez

Après ses inoubliables Idoles, le cinéaste Christophe Honoré convoque à nouveau les disparus - à l'exception de sa mère - à l'Odéon - la proximité avec le Panthéon n'est que pur hasard renouvelé -  mais cette fois-ci, ses plus proches du côté maternel nantais :  ses oncles, ses tantes, sa grand-mère et son grand-père. Tout ce petit monde se retrouve dans une salle de cinéma dans laquelle il était encore possible de fumer, à l'ancienne, comme à l'époque où ils étaient encore là. Il - se faisant interpréter par le jeune Youssouf Abi-Ayad - les a réuni là pour leur parler du film qu'il voulait faire sur eux mais qui ne sortira - probablement - pas. Le tournage du film aura finalement lieu sous nos yeux sur les planches. 

Les souvenirs, les traumatismes, les amours, les névroses, tout y passe. Avec la même tendresse, le même humour parfois mordant, la légèreté grave, Honoré écrit une pièce qui tente de reconstruire une partie de son histoire mais qui se voit mêlée à la version de chacun des protagonistes, un grain de sel non négligeable - qui, par certains moments, peut s'avérer mal dosé -. Mais chaque fois, les chorégraphies pensées par la fidèle Marlène Saldana sont des poèmes aériens - mention particulière au moment flamenco sur les fauteuils -. 

© Jean-Louis Fernandez
Toute la famille est haute en couleurs : sa grand-mère explosive campée par une Marlène Saldana en pleine forme, son grand-père Puig caractériel transporté par le corps d'Harrison Arévalo, Stéphane Roger se retrouve en l'oncle Roger dépassé par un racisme exacerbé, hanté par la guerre d'Algérie, le léger tonton Jacques prend l'allure de Jean-Charles Clichet et la douce et discrète tante Claudie suicidée fait poser les premiers pas de Chiara Mastroiani sur les planches qui livre un jeu sincère. La mère Marie-Do Honoré est jouée par le frère du réalisateur ; Julien Honoré - qui offre une belle et juste interprétation du magnifique Les yeux au ciel tiré du film de son aîné Les chansons d'amour - . Et comme toujours de la musique à tous les étages teintées de nostalgie des années 1970 : Sheila, Joe Dassin, Julio Iglésias... Quelques images filmées en temps réel se mêlent à des rushs où se succèdent les comparses issus du cinéma, l'autre famille du réalisateur : Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste, Marina Foïs, Ludivine Sagnier ou encore Anaïs Demoustier font leurs apparitions furtives. 

Christophe Honoré signe un spectacle mélo touchant sur fond de retrouvailles avec ses origines - on pense parfois au Retour à Reims du sociologue/philosophe Didier Eribon -, honnête avec quelques pardonnables longueurs. 



Merci au héros du jour : Léo








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