Tout ce qu'on croit c'est ce qu'on ne sait pas
Quand j'ai pris connaissance de la programmation du Théâtre de Belleville, je me suis arrêtée un moment sur Les yeux grands ouverts. Une pièce qui trouve une résonnance particulière en nous tous. En tout cas, elle a parlé à mon intimité, à mes peurs enfouies, à l'enfant qui m'habite encore, des thèmes qui m'ont traversée très récemment.
© Sébastien Bonnabel |
Sur un plateau complètement nu, la pièce s'ouvre sur une citation de la pédiatre Françoise Dolto projetée au mur "Les enfants sont les symptômes des parents". Les titres des quatre chapitres qui rythment le spectacle seront à leur tour projetés sur ce même mur. L'histoire est simple : Constance est une jeune fille récemment installée au Canada revient avec son compagnon Jérémian dans sa maison d'enfance pour organiser les 30 ans de mariage de ses parents. Elle a l'air enthousiaste pour 2 voire même 4. Ses parents, eux, ne s'en préoccupent pas tellement. La météo ? Le repas ? Les convives ? Non, vraiment, ça leur passe au-dessus. La pièce alterne entre les moments vécus et les moments inconscients de Constance atteinte de somnambulisme. La frontière entre réel et rêverie est si fine.
On a découvert Pauline Cassan dans le très beau spectacle sur l'autisme Le jour où j'ai compris que le ciel était bleu, elle était déjà pleine de justesse et d'émotions. La retrouver ici c'est partager le même constat. Avec Philippe de Monts, elle forme deux duos impeccables. Tout en clair obscur, jouant entre les mises en lumière et les zones d'ombre sur les sentiments, les doutes, la complexité de la relation parents/enfants, les deux comédiens donnent corps et verbe - notons une belle écriture - avec brio. Les scènes de somnambulisme sont d'une grande poésie - certaines sont véritablement dansées -. Les yeux grands ouverts est une pièce pleine de délicatesse, finement tissée.
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