Fajar ou l'odyssée de l'homme qui rêvait d'être poète @MC93, le 02 Mars 2024

Quand Adama Diop écrit, joue et dirige ça donne l'épopée magnifique Fajar ou l'odyssée de l'homme qui rêvait d'être poète. Une fresque pluridisciplinaire qui nous transporte du Sénégal à la France. 

© Simon Gosselin

Si l'on ressent une immense part autobiographique, c'est dans le registre de la fiction qu'Adama Diop a choisi de faire évoluer son personnage Malal. Malal a fui ses drames intimes, le voilà qui s'en va vers une autre terre où l'espoir du mieux ne l'attend pas mais l'habite, le hante. 

Le spectacle s'ouvre sur les mots d'Aimé Césaire mais c'est bien le verbe d'Adama Diop qui dominera. On le trouvera riche, philosophique, poétique parfois même politique - alternant entre le wolof et le français - et sa forme transverse lui donne un sublime corps qui va emprunter au cinéma, à la musique, à la danse pour un résultat magnifié. 

Repéré chez Julien Gosselin, Jean-François Sivadier, Franz Castorf ou encore Tiago Rodrigues, le franco-sénégalais s'est risqué à un exercice complexe où il s'est fait porter la plupart des masques - pour ne pas dire casquettes -. Si le résultat sur un plan esthétique est vraiment superbe, on regrette sa longueur qui fait perdre le fil. Non pas celui de la narration mais de la réflexion. 

Sur le plateau il s'est entouré de talentueux musiciens - Anne-Lise Binard au chant, à l'alto et à la guitare électrique, Dramane Dembélé au ngoni et aux flûtes mandingues et Léonore Védie au violoncelle -, à l'écran il s'entoure d'une dizaine de comédiens parmi lesquels Frédéric Leidgens qui apparait comme un sage voire une divinité et Marie-Sophie Ferdane en Marianne, figure symbolique de la liberté. En toute fin, le comédien se livre au jeu du conteur en costume de commedia dell'arte. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire